vendredi 28 novembre 2008

La Papauté en Avignon au XIVème siècle


Cet Article est destiné à tous ceux qui n'ont pas peur d'apprendre l'histoire de France.

Une histoire tourmenté notamment au XIVème siècle et ses grandes Catastrophes.

Cette ère de malheur s'accompagne d'une présence des Papes dans le comté de Provence, rattaché au Royaume de France seulement en 1481.

Bonne lecture et n'oubliez pas que toute réflexion est bonne à prendre pour enrichir sa culture générale!



La Papauté à Avignon au XIVème siècle



La papauté est doté d’une histoire tourmenté, elle désigne le pouvoir et le gouvernement du Pape fondé sur la succession de l’apôtre Pierre auquel Jésus avait déclaré: « tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ». L’autorité du Pape est revendiquée dès le IVème siècle. Identifié à la latinité, elle s’impose à la Chrétienté occidentale en soutenant la dynastie des Pipinnides et en revendiquant une base territoriale. Un premier schisme s’effectue avec l’orient en 1054 à cause d’une part du couronnement impérial de Charlemagne, et d’autre part, la crise iconoclaste. L’Eglise essaye de se détacher de l’emprise des puissances laïques par la réforme Grégorienne et essaye même de dominer les puissances Chrétiennes devenant ses vassaux. La papauté oppose aussi le pouvoir du glaive des puissances temporelles à celui des clefs du Pape, et au podestat temporel des princes, son auctoritas, sa suprématie spirituelle, surtout grâce à Innocent III. Quant à la ville d’Avignon, contrairement à se que l’on peut penser, ne se situe pas dans le comtat Venaissin, mais dans le comté de Provence appartenant une des possessions du Roi de Sicile Angevin. Quant à la borne chronologique large que constitue le XIVème siècle, j’ai retenu une période se situant entre l’année 1305, départ de Rome qui ne verra un retour qu’en 1376. Même s’il subsiste des antipapes à Avignon de 1378 à 1403, il ne constitue en rien un rapport avec l’évolution générale de l’Eglise au XIVème siècle. Durant la période Avignonnaise de la papauté voit défiler 7 papes, dont quelques uns sont à retenir comme Clément V (1305-1314), Jean XXII (1316-1334), ou encore Urbain V (1362-1370).
Nous allons d’abord effectuer une mise en contexte de la période. Le 7 septembre 1303, guillaume de Nogaret effectue un attentat sur Boniface VIII, à l’instigation de Philippe le Bel. En plus d’être victime d’un sacrilège, le Pape se place en deçà des monarchies absolues en plein essor, mettant en relief le retard de son gouvernement. La cour pontificale conservée l’aspect d’une grande familia aristocratique, semi-nomade, aux fonctions mal spécifiées, et aux capacités limités. L’attentat dénonçait aussi l’intolérable insécurité qui sévissait en Italie et spécialement dans le patrimoine de Saint pierre. Ce dernier n’offrait pas l’asile nécessaire aux réformes devenues urgentes. Il revenait donc aux successeurs de Boniface VIII de réaffirmer l’ascendant du Pape sur les puissances temporelles et sur tous les chrétiens d’occidents. Or, la résidence Romaine paraissait marginale par rapport à la chrétienté occidentale dont le centre avait glissé vers la méditerranée. C’est donc après la mort de Boniface VIII que commence la route vers Avignon.
Cette évènement laisse à pensait qu’un changement est nécessaire dans l’Eglise, nous allons alors nous nous pencher sur en quoi la Papauté à Avignon marque un tournant pour la chrétienté toute entière ?



I°/ Les origines de la Papauté à Avignon


1) Le premier établissement à Avignon


La guérilla qui opposait les familles Romaines, groupées les unes autour des Gaetanis, les autres autour des Colonnas, rendait fort peu sûres Rome et la campagne qui l’environne. Benoît XI, alors Pape en 1304, décide déjà de quitter Rome après 5 mois d’exercice de sa fonction, pour des provinces dont l’ensemble forme les Etats de l’Eglise. Ces provinces sont nombreuses mais la présence de l’Empereur rend le pouvoir difficile à exercer, c’est pour cela que le pouvoir réel ne s’exerce que dans 8 provinces hormis Rome : La Romagne, la ville et le comté de Bologne, la marche d’Ancône, le duché de Spolète, le patrimoine de saint Pierre en Tuscie, la Campanie et la Maremme, la ville et le territoire de Bénévent, et celle qui nous intéresse, le comtat Venaissin (comté de Venasque). C’est d’ailleurs dans une des villes des ces provinces, Pérouse, dans le duché de Spolète, que Benoit XI s’installe en mars 1304 et meurt en juillet de la même année. Suite à une discorde au sein même du sacré collège, les bonifaciens et les anti-bonifaciens n’arrivent pas à trouver un héritier cardinal pour Benoit XI. On s’achemine alors vers l’élection d’un prélat extérieur au sacré collège n’étant pas mêlé de l’intérieur aux discordes ecclésiastiques. Ce dernier se nomme Bertrand de Got, Archevêque de Bordeaux élu en juin 1905. Bénéficiant d’un népotisme assez normal, il est déjà expérimenté et bien entouré, pour preuve, son frère est archevêque de Lyon. Il prend alors le nom de Clément V (1305-1314) et part pour Vienne en vu de s’y faire couronner. Il pense, par la suite, regagner l’Italie (même si Rome est insécuritaire), mais l’intervention de Philippe IV le Bel le pousse à préférer Lyon comme lieu de couronnement, en novembre 1305, dans le quartier à l’est de la Saône, appartenant au Royaume de France. Clément V séjourne alors dans la vallée du Rhône alors qu’il pensait retourner en Italie. Ce séjour dans le royaume de Philippe IV se prolonge constamment à cause de divers évènement politiques comme la volonté de paix France-Angleterre où le Pape parait l’un des arbitres ou le procès des Templiers, et dans diverses villes aussi, comme Bordeaux ou Poitiers. Clément V effectue donc la plus grande parti de son pontificat dans le midi de la France, surtout dans le duché d’Aquitaine, suivi par sa curie. Le procès des Templiers abouti à la convocation d’un concile qui se tiendra à Vienne, c’est pour cela que Clément V décide de quitter sa région natale. Il parait alors normal qu’en attendant le concile, le Pape s’installe dans une ville à proximité du lieu de réunion. Le choix le plus commode serait de séjourner dans le comtat Venaissin, terre pontificale et enclave dans le comté de Provence. Mais au lieu de s’installer dans une des quatre petites villes du comtat, Clément V s’établi à la lisière occidentale de ce dernier et à l’extérieur, à Avignon, qui appartient au Roi de Sicile et comte de Provence depuis 1290. Il y séjourne à compté du 9 Mars 1309, il s’y installe modestement comme en un gîte provisoire, au couvent des Dominicains.

2) L’installation « définitivement provisoire » à Avignon


Cette installation est le fruit d’un contexte favorable puisque le Pape décide de repousser le concile d’un an, il sera convoqué en Octobre 1311, soit plus de deux ans après l’installation à Avignon. Au lendemain du concile de Vienne, au printemps 1312, l’expédition impériale d’Henri VII en Italie qui émeut le pays tout entier de Milan à Rome et attise l’agitation dans les Etats pontificaux, impose au Pape de rester à l’écart de la péninsule, Clément V revient donc dans le comtat et regagne Avignon pour l’hiver 1312-1313. Clément V passe la fin de ses jours dans un petit village voisin, au château de Monteux auprès de sa famille, et meurt en franchissant le Rhône pour revenir dans sa terre natale, en Aquitaine, en avril 1314 à Roquemaure. La curie se réuni à Carpentras pour respecter le décret établi par Clément V stipulant que le conclave de succession doit s’édifier dans la ville où séjourne la curie au moment du décès du Pape. Carpentras apparaît alors comme le nouveau siège de la papauté, mais ceci est très provisoire puisque le conclave n’abouti pas et, qu’une fois encore sous la pression du Roi de France, un second conclave se réuni à Lyon pour élire comme Pape Jacques Duèse en août 1316, qui prend le nom de Jean XXII (1316-1334). C’est véritablement lui qui établi le siège de la Papauté à Avignon, dès le 2 octobre 1316 où il y revient après le conclave, tout en promettant de retourner à Rome, promesse qui ne sera d’ailleurs pas tenue. Il élit domicile au palais épiscopal et pour s’assurer de ne pas se heurter à l’évêque, il se réserve l’évêché d’Avignon et fait administrer le diocèse par l’évêque de Marseille. Le Pape habite ainsi sans contestation ni ennui le palais épiscopal d’Avignon, son ancienne résidence, entouré de sa curie et de sa famille, en attendant que les évènements lui permette de retourner en Italie. Avignon est donc le siège de la Papauté et même si on sait qu’il le restera jusqu’en 1376, voir plus tard selon les analyses, il n’en demeure pas moins un siège provisoire, une étape avant le retour en Italie. C’est d’ailleurs en cela que le terme de siège définitivement provisoire s’adapte de très bien à cette situation. Un siège qui rencontre de grands atouts pour accueillir une Papauté en déclin depuis l’attentat d’Anagni sur Boniface VIII. Ces atouts découlent de l’origine même de Jean XXII, ancien évêque d’Avignon, grand seigneur dans sa région, mais pas seulement.

3) Avignon, une ville aux multiples atouts


La première implantation à Avignon, par Clément V est d’abord le fruit du contexte de l’époque. En effet, la résidence du Pape ne devait pas être trop éloignée du Royaume de France, pour permettre les continuelles négociations avec le Roi sur les deux graves questions du moment à savoir le procès des templiers et les relations avec l’Angleterre. Elle ne devait pas non plus être éloignée ni de l’Allemagne ou Clément V avait suscité l’élection comme Roi des Romains de Henri de Luxembourg, à l’encontre des prétentions de Philippe le Bel ; ni de l’Italie où se trouve le véritable siège de la papauté mais aussi où des guerres éclatent comme celle de Venise. Finalement, elle ne devait pas être loin de Vienne où devait se tenir le concile sur les Templiers. Le Comtat Venaissin, seule fraction des Etats de l’Eglise située au nord des Alpes, répondait à toutes ces nécessités. Cependant c’est à l’extérieur que s’installe Clément V, à Avignon villes aux multiples avantages. Le premier est celui de la paix, la population exigüe d’Avignon rendant peu propice les révoltes fréquentes à Rome. Cette population n’avait pas, comme les Romains, une tradition plus que millénaire de gouvernement du monde et elle ne cherchait pas à s’imposer à son hôte de choix qu’elle souhaitait retenir. Le palais épiscopal établi sur le rocher des Doms était en lui-même une maison forte dans un lieu naturellement défendu par l’escarpement. De plus, la protection du Roi de Sicile et comte de Provence, à qui appartenait la ville, était assuré au Papes et aux Cardinaux. Outre la protection même du site, s’étendait sur le domaine Angevin, une paix publique réelle, même si elle était imparfaite. Le Pape jouissait aussi du zèle du comte de Provence, donnant au Papes des terres comme le vicomté de Tallard en 1326, les retenant en terres Provençale. Le Pape pouvait aussi agir en partenariat avec un autre souverain puissant, le Roi de France, très proche géographiquement. D’autre part, la situation centrale d’Avignon dans la chrétienté se révélait admirable pour aider le chef de celle-ci à la gouverner. La distance entre Avignon et les régions périphériques de la chrétienté sont réduite en générale par rapport à Rome, se situant à 1275km de Lisbonne ou encore à 1325km de Cracovie. Au Moyen-âge, c’est le réseau des voies terrestres, fluviales et maritimes de l’Occident qui détermine, bien plus que les distances, la vitesse des relations et des déplacements, et dans cette configuration, Avignon est beaucoup mieux placé que Rome de part son port fluvial à proximité de la mer méditerranée, c'est-à-dire un espace au commerce et aux mouvements très rependus. Avignon se place en fait au cœur d’une exceptionnelle étoile de route maritime, terrestre et fluviale. Comme énoncé précédemment, Le fait que Jean XXII soit ancien évêque d’Avignon n’est pas anodin dans le choix du siège, secondé part le fait que les Papes suivants sont originaires des pays de langue d’Oc, voisins d’Avignon. De plus, Avignon et très peu éloigné d’une partie des Etats pontificaux tout en étant une grande ville pour l’époque (moins que Rome tout de même). En effet, Carpentras ou Pernes sont des villes trop petites pour s’adapter à la présence d’une grande cour. Ces multiples raisons font d’Avignon le centre de ce que vont développer les Papes, à savoir la monarchie épiscopale.



II°/ La sédentarisation Avignonnaise, ou la monarchie pontificale


1) Le développement de la cour pontificale


Si l’on considère la Papauté comme une monarchie, elle est dotée d’une cour, cette dernière se nomme la curie. La résidence fixe des Papes à Avignon facilite l’accroissement de leur cour que manifeste à l’évidence l’extension continuelle du palais passant d’un palais vieux, au palais neuf pour plus de commodité dans le gouvernement. Cependant, le palais ne pouvait pas contenir toute cette population, et l’administration dispersa une partie de ses locaux dans la cité. La cour pontificale est constituée par l’ensemble des personnes qui aident le pape à gouverner et à administrer l’Eglise, de celles qui l’entoure pour le protéger et l’honorer, et de celles qui assure sa subsistance et son entretien. De manière plus simple, la cour comprend l’entourage intime du Pape (parents proches et le personnel pour sa piété), le sacré collège qui constitue avec le Pape le gouvernement de l’Eglise (assemblé de cardinaux dont le cardinal camérier est le chef), les services administratif et judiciaires de l’Eglise (la chambre apostolique pour les affaires financières ,la chancellerie qui expédie les lettres émanant du pape, les tribunaux pontificaux, et la pénitencerie apostolique véritable tribunal spirituel), les services de garde et d’honneur ( la garde du pape et du palais en général) ,et les offices du palais ( quatre grands office, la cuisine, la paneterie, la bouteillerie, et la maréchalerie). Son nombre s’accroit constamment depuis que le Pape assume de plus en plus la direction suprême de toute la chrétienté. Déjà, le faste et le népotisme de Boniface VIII portait son nombre à 300 et dès que celle-ci fut fixé à Avignon, dans un palais dont les divers services ne sortaient jamais, elle pu se développer régulièrement et sans contrainte. A ces fonctionnaires pontificaux se rajoute le personnel lié aux cardinaux, une trentaine pour chaque cardinal au nombre variant de 20 à 30, soit prés de 1000 personnes. Tout ce personnel comprend plus de 2/3 de laïcs. Toute cette concentration de population de fonctionnaires pontificaux et cardinalices et leurs familles qui constituent l’essentielle de la cour pontificale forme un groupement d’environ 3000 âmes. Ce personnel provient de touts les parties de la chrétienté, mais l’origine méridionale de tous le Papes d’Avignon, leur népotisme, le fait que 113 des 134 cardinaux furent Français et pour les ¾, Français du midi comme eux, assure un large recrutement des curialistes et des familiers des cardinaux dans les pays de langue d’Oc. C’est d’ailleurs se fulgurant accroissement qui fait opposer la curie à un éventuel retour à Rome. D’une part, le déménagement d’un personnel et de services de plus en plus important devient une entreprise sans équivalent et inquiétante, et d’autre part, tout déplacement risque de provoquer des disfonctionnement dans une organisation sédentarisé. Il a donc fallu une volonté surhumaine, avec de grands motifs spirituels pour arraché la curie d’Avignon en 1367 (départ d’Urbain V) et en 1378 (retour définitif vers Rome). Cette hausse quantitative et qualitative des services du Papes amènent à une centralisation administrative et financière

2) La centralisation administrative et financière


La centralisation de l’Eglise sous l’autorité du Pape avait grandi au rythme parallèle du développement du prestige pontifical dans le monde et de l’intensité croissante des communications. Cette prétention du gouvernement de plus en plus direct de l’Eglise entière se manifestait surtout dans 3 domaines : celui de la nomination des bénéficiés, c'est-à-dire des clercs qui gèrent des offices ecclésiastiques dans toute la chrétienté (mineurs et majeurs); celui de la perception d’impôt par le saint siège sur ces bénéficiés ecclésiastiques; celui enfin de la construction de l’Eglise. Dans tous ces cas, les Papes d’Avignon se présentent comme des juristes, des canonistes, voire des civilistes. L’action de Jean XXII dans la nomination aux offices fut la plus grande établissant les bases de la collation pontificale. Par sa situation géographique, Avignon a permis au Pape d’étendre plus rapidement son autorité sur l’Eglise entière. Tout se passe comme si la centralisation administrative inéluctable de la chrétienté avait été facilitée et rendue plus homogène par la présence des Papes à Avignon. Le développement de la fiscalité pontificale est à la fois un des mobiles tardifs et une des conséquences de cette centralisation administrative. Cette centralisation financière est exclusivement l’œuvre des Papes d’Avignon. En amenant à eux la collation de tous les bénéfices, les Papes ont développé une fiscalité considérable qui frappe tous les bénéficiers qu’ils ont pourvus, c'est-à-dire, à partir d’Urbain V (1362-1370), tous les bénéficiers majeurs et beaucoup de bénéficiers mineurs de la Chrétienté. Déjà, à la fin du pontificat de Jean XXII, le système financier du Saint Siège est élaboré. Les revenus se divisent en 5 partis: les revenus des domaines de l’Eglise; le cens provenant de l’exercice du droit de suzeraineté du Pape sur les royaumes chrétiens vassaux et le cens acquitté par les monastères et les églises exempts de l’autorité ordinaire; les impôts levés sur les bénéficiers ecclésiastiques, représentant la moitié des revenus de l’Eglise (divisé eux même en plusieurs parties: les services, série d’impôt que doivent acquitter tous les prélats nommés ou confirmés par le Pape; les visites, impôts perçus lors des visites des évêques et des abbés au Papes qu’il devait en fait faire sur le tombeau de st Paul; ou encore les procurations ou les annates); les produits de la juridiction spirituelle du saint siège; et finalement les dons, legs, et autres revenus divers. Jean XXII et un de ses plus proches conseillés Gaspert de Laval effectuent un examen de ces ressources et aboutissent à une double constatation, les revenus du saint siège proviennent surtout du Royaume de France et que la plus grosse dépense constitue à l’entretient d’une armée qui mène 40 ans de guerre en Italie pour permettre au Pape de retourné à Rome. Par ses larges revenus, la Papauté d’Avignon se range parmi les principales puissances financières de son temps, même si elle à des ressource sensiblement moins importantes que les Rois d’Angleterre et de France. Leurs dépenses oscillent selon les Papes, certains préférant la guerre pour un retour en Italie comme se fut le cas de Jean XXII, alors que d’autres préfèrent la diplomatie, se fut le cas de Clément VI. Cette prospérité n’empêche pas les difficultés financière d’apparaître dès le pontificat d’innocent VI (1352-1362). En parallèle de cette évolution se dessine une prise de pouvoir direct du Pape.

3) Le Pape, un monarche à part entière


La centralisation administrative et financière de l’Eglise sous l’autorité du Pape favorisait, au fur et à mesure de son développement, la solution monarchique du problème de la structure même de l’Eglise depuis la réforme Grégorienne. La présence de l’autorité du Pape allé en s’affirmant depuis lors, en témoigne la présence de ses prélats dans toute la chrétienté ou encore l’obligation progressive des évêques de prêter serment de fidélité au Pape signe véritable d’une organisation monarchique et féodale. La multiplication des bénéfices accordés par le Pape lui permet de s’établir un réseau de clientèle très élargi, à l’image d’un Roi de l’époque. C’est d’ailleurs dans une sorte de consensus général que le Pape continu l’œuvre entreprise par Grégoire VII, devenant « l’évêque de la chrétienté », le Pape accroit son pouvoir dans tous les domaines, par exemple, il se réserve le droit exclusif à canoniser un saint. L’image même du Pape en ressortait grandit, perçu comme un personnage vraiment extraordinaire, en témoigne l’expression l’Alvaro Peyalo, un franciscain nommé pénitencier par Jean XXII, le voit comme « pour ainsi dire Dieu ». Cependant, comme tout Roi de l’époque, le Pape se voit assigner des limites à son autorité. En effet, les cardinaux considèrent que le saint siège est constitué par la réunion du Pape et du sacré collège, et que celui-ci doit partager avec le Pape l’autorité sur l’Eglise comme il partage avec lui les revenus du saint siège. Cette vision vise à aboutir à une organisation aristocratique. De plus, l’opinion générale de la chrétienté reste plutôt favorable à la suprématie du concile sur le Pape, c'est-à-dire le gouvernement de l’Eglise par des assemblées conciliaires successives où le Pape se bornerait à assurer l’exécution des décisions. Les cardinaux ne sont pas exempts de puissance, pour preuve, à la mort de Clément VI en 1352, ils se réunirent en conclave et signent un compromis au terme duquel celui d’entre eux qui deviendrait Pape devra réduire le nombre de cardinaux à 20 et obtenir leur consentement pour toute nouvelle création de poste de cardinal. Malgré ses volontés, la tentative du sacré collège à échoué et le Pae reste de maitre d’énormément de prérogatives, les cardinaux se bornant à un rôle important lors des interrègnes (rôle même très important à se moment la en témoigne le schisme qu’ils provoquent). De plus, il n’y eu pas de concile durant toute la période Avignonnaise de la Papauté, à l’exception de celui convoqué par Clément V, mais c’est lui qui en fixa le programme et qui en a imposer les solutions, à savoir la suppression de l’ordre des Templiers alors que la majorité conciliaire y été hostile. S’établi alors un parallélisme entre pouvoir pontifical et pouvoir royal, très visible si on compare le Pape au Roi de France, la plus grande puissance Royale en ce temps qui à d’ailleurs grandement influencé l’exercice du pouvoir pontifical. Les interventions militaires en Italie témoignent aussi de la volonté du pape de s’établir comme un Roi, préalable du retour vers Rome, puisque ses possessions lui offriraient des assises territoriales nécessaires à un véritable Etat. La monarchie pontificale établie par les Papes d’Avignon, place cette ville au centre de la chrétienté, une chrétienté qui s’inscrit dans une aire de renouveau.


III°/ Avignon, centre d’une tentative de renouveau de l’Eglise


1) Le mécénat des Papes d’Avignon

Les Papes d’Avignon sont très enclin à la culture. La première marque de cette observation réside d’abord la construction de deux palais successifs. Ce sont les conditions financières favorables de la Papauté qui ont permis l’établissement d’un véritable mécénat pontifical. Les Papes d’Avignon consacrent environ 4% de leurs dépenses à des œuvres purement intellectuelles et artistiques. La construction et la décoration du palais des Papes constituent un admirable programme de mécénat artistique, une impulsion plus particulièrement donné sous Benoit XII (1334-1342) et Clément VI (1342-1352). Fresques et tapisserie se côtoyaient dans un espace constamment agrandi. La bibliothèque pontificale est aussi un programme une preuve de l’attachement culturel des Papes, un secteur retient notre attention, c’est celui de la collection de manuscrit qui constitue peu à peu la bibliothèque, perçu comme « le trésor de l’Eglise Romaine ». Une large part provient des confiscations des prélats décédé, alors qu’une autre part vient de copiage ordonnés par le Pape afin de se munir de textes utiles à son gouvernement, c’est le cas d’ouvrage sur les croisades. D’ailleurs, l’enrichissement de la bibliothèque pontificale ne pénalisa pas les finances puisque les manuscrits ont été confisqués pour la plupart. L’inventaire de 1369 énumère et décrit plus de 2000 manuscrits de Les cardinaux possèdent aussi une bibliothèque chacun composé selon les même principes que celle du Pape. Les mieux fournies d’entre elles concentraient 150 à 200 manuscrits. Le mécénat se manifeste aussi dans le recrutement et le développement de la chapelle, puisqu’il est normal que la chapelle pontificale soit d’excellente qualité. Son recrutés alors des chanteurs et des musiciens venus du nord, de liège notamment. C’est musicien introduisent la nouvelle musique preuve de l’ouverture à l’innovation des Papes d’Avignon. En fait, le mécénat pontifical présente un intérêt particulier, celui de rassembler à Avignon, des artistes et des écrivains venus de toutes les parties du monde chrétien. Il à fait d’Avignon un centre de contact et de transmission des cultures. C’est d’ailleurs un centre de contact qui continu de vivre, même après le départ des Papes puisque son activité intellectuelle reste supérieure à celle d’Aix. Cette voie culturelle prôné par la Papauté trouve sa racine dans la formation des Pape, ayant suivi, à l’exception de Benoit XII et Clément VI, une formation universitaire en droit et pensaient que leur mission sacré pouvait se justifié par un arsenal de référence livresque. La peinture est aussi un secteur qui reflète le mécénat des Papes. S’il ne reste qu’un petit nombre d’œuvre à cause de l’usure du temps et de la transformation de l’urbanisme des exemples permettent d’évalué l’ampleur de la chose, en témoigne les peintures du frère mineur Pierre Dupuy. Des Eglises sont reconstruites comme celle de Saint-Agricol grâce à Jean XXII témoignant d’une volonté de rénovation. L’humanisme vit aussi le jour à Avignon, à partir de Clément VI qui commence la recherche des œuvres antiques, demandant notamment à Pétrarque grand pré-humaniste, de lui chercher des œuvres de Cicéron. Cette volonté humaniste se situe en décalage avec la mission spirituelle de bases du Pape, cette dernière s’en trouve lésé.

2) Des Papes plus temporels que spirituels.

Au moment où s'achève l'organisation de l'Eglise en une monarchie centralisée, un des buts même de cette organisation, la reconquête et la protection de l'Orient Chrétien, semble d'abord négligée, puis même abandonné. Cette évolution trouve ces racines dans la dissolution de l'ordre des Templiers par Clément V lors du concile de Vienne, et accentué par le retour des Hospitaliers à Rhodes, marquant la disparition de toute Chrétienté indépendante en Syrie et en Palestine. Cette lourde centralisation ne trouve donc pas sa justification dans la victoire sur l'infidèle en vue de laquelle elle s'est développée. Elle ne la trouve pas davantage dans la réforme morale qui fut, au temps de Grégoire VII son mobile initial, Aucun grand effort de réforme n'a été entreprit durant la période des Papes d'Avignon. Ces derniers ne réunissant plus de concile, ayant prit exclusivement la direction de l'Eglise, il est inévitable qu'ils encourent la responsabilité du relâchement naturel de la vie morale et spirituelle dans l'Eglise. Certains contemporains, plus sensibles à cet aspect moral de se qu'ils considèrent comme la faillite de la Papauté, profitent du discrédit provoqué par l'absence de lutte contre l'infidèle pour exprimer de vives critiques à cette centralisation monarchique. La résidence d'Avignon est loin du tombeau des apôtres, du palais fastueux qui les habite etc... Les plus grands de ces détracteurs sont le Franciscains, cherchant depuis leur création à organiser un monde de vie commun fondé sur la pauvreté pour imiter la vie du Christ, et par l'aspect centralisateur des finances, la richesse que projette la Papauté dans le monde chrétien est en total inadéquation avec cette optique. Cette critique proposé par les Franciscains trouve un écho considérable dans toute la chrétienté, la pauvreté qu'exalte les frères mineurs apparaît, face l'ostentation de la richesse source de vices, comme le véritable gage du salut. Cette croyance est renforcée par les grandes catastrophes du XIVème siècle, à savoir la grande peste et le début de la guerre de 100 ans, étant perçu comme une punition de Dieu. Ce mouvement de contestation est touche véritablement la société en générale et donc les laïcs, attiré par la prédication et l'exemple des frères mendiants. En parallèle de cette contestation survient l'idée que les Papes sont incompétents dans leurs fonctions de par leur formation. En effet, depuis que l'ermite Célestin V, les Papes ne sont plus des mystiques, même pas des théologiens à l'exception de Benoît XII, se sont en fait des juristes. Il ont donc tendances à organiser l'Eglise comme une gigantesque machine administrative et à considérer la vie chrétienne comme faite plus de rapport juridiques, que de relations réelles et affectives entre Dieu et les hommes. Malgré cet énorme discrédit, l'autorité du Pape sur tous les chrétiens demeure considérable pendant tout le XIVème siècle où il à renforcé ses prises. L'action des Papes sur les fidèles qu'ils ont eux même nommés, renforce la vénération naturelle qui doit lui être voué. Finalement le Pape intervient dans la sphère spirituelle en réprimant les hérésies (énoncé au concile de Vienne) en renforçant le tribunal de l'inquisition, et luttant contre les Frères et Sœurs du Libre esprit notamment, ou encore contre les croyances magiques. Cette Présence, bien que modeste, de maîtrise de la vie spirituelle trouve un écho dans les relations des Papes avec la chrétienté toute entière.


3) Le déclin de l’intervention pontificale dans le monde

De même qu’ils prétendaient diriger l’Eglise de plus en plus directement, les Papes depuis la réforme Grégorienne, prétendaient exercer une autorité suprême sur toute la société chrétienne. En premier lieu, la prééminence spirituelle du Pape, détenteur du pouvoir de lier et de délier conféré par Jésus à Pierre, lui permettait d’invoquer à son tribunal tous les chrétiens à raison de leurs pêchés, et ni les Rois ni l’Empereur n’échappaient à se magistère. Associé à cette idée, la théorie des deux glaives de Boniface VIII stipulant que le glaive des puissances temporelles doit être sous les ordres du Pape, prouve, en théorie, la suprématie du Pape. Ces deux théories sont renforcées par le système des Royaumes vassaux du Saint Siège, développé dès innocent III, qui tendait, en utilisant la structure pyramidale propre à la société féodale, à rattacher directement au Pape, par un lien personnel, tous les Roi de la Chrétienté. Cependant, la réalité du temps des Papes d’Avignon et tout autre. La théocratie pontificale n’est presque plus qu’illusoire, en témoigne l’action de Louis de Bavière qui n’attends par le consentement du Pape pour se prétendre Roi des Romains. De plus, la déclaration de Rense de 1338 prouve que les électeurs du Roi sont les seuls possédant le pouvoir de faire le Roi. Il va de même pour la structure féodale évoqué précédemment. Le cens annuel versé au Pape, preuve de la reconnaissance de la vassalité d’un Roi, n’est plus versé durant le temps de la Papauté à Avignon, preuve évidente du relâchement des liens féodaux qui les rattachaient au Pape. Il ne reste donc plus que des Rois faibles dans la vassalité pontificale, ceux qui ont besoin de la protection du Pape. C’est notamment le cas du Roi Angevin de Sicile qui, investi dans son Royaume par le Pape en 1265, et privé de son île à la suite des vêpres Siciliennes de 1282, attend de l’aide pontificale le rétablissement de ses droits sur cette moitié perdue de son Royaume. Le Pape apparaît alors plutôt comme un chef de parti plutôt qu’un chef universel. Le Roi de Sicile et la ville de Florence, les deux entités meneuses du parti guelfe sous l’autorité directe du pape, pousse à le croire. Cette vision de la Papauté comme chef de parti se voit d’autant plus qu’elle favorise, sur la scène Chrétienne universelle, ses vassaux, discréditant par exemple les Aragonais au profit des Angevins. Ainsi, tout au long du XIVème siècle, la souveraineté générale du Pape reste plus théorique que pratique, mis à part quelques actions qui vont dans le sens inverse comme l’attribution des terres nouvellement découvertes (îles canaries données par Clément VI à Louis de la Cerda en 1344) ou encore la lutte contre les conflits petits et grands d’ailleurs (sans grands succès, en témoigne la guerre de 100 ans). Ce relâchement de l’autorité du Pape sur les princes Chrétiens a aussi pour cause les tendances générales de l’évolution des idées et l’affirmation de nouvelles conceptions politiques au XIVème siècle. Le développement du droit Romain pousse les princes à construire un pouvoir absolu qui ne peut s’accommoder d’aucun supérieur temporel. En plus de cela, une véritable interprétation théologique conforte cette évolution, de même que la foi et la raison, le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir laïc, nettement séparé, ne doivent pas interférer. Ni l’Empereur ni les Rois ne tirent leur pouvoir du Pape. Ce n’est donc pas seulement la faiblesse du Pape qui est à l’origine de son déclin dans le monde Chrétien.
L’histoire de la Papauté à Avignon est en fait construite sur des contradictions. Une mise en place rapide et inattendue dans une ville du comté de Provence qui contient de grands avantages absolu. La sédentarisation de la Papauté à Avignon entamé par Clément V entraine par conséquent la création d’une monarchie centralisé et hiérarchisé, générant d’énormes richesses avec à la tête de laquelle se trouve le Pape, personnage plus puissant que jamais. En tout cas c’est la vision qui nous éclaire au premier abord cas si nous regardons la situation du Pape et de la Chrétienté en général, le constat est beaucoup plus mitigé et cela malgré un mécénat sans autres envergures. La présence temporelle laisse une mince part à la sphère spirituelle, pourtant essence même su christianisme, vivement critiqué, discréditant l’image du Pape dans tout le monde chrétien. Nous pouvons résumer l’action des Papes d’Avignon comme une victoire temporelle mais un recul spirituel, cette affirmation est tout de même à nuancé, l’action des Papes amenant la chrétienté au schisme d’Occident. La Papauté marque donc un tournant décisif dans l’Histoire de la Chrétienté, centralisé mais discrédité.
Le schisme qui éclate en 1378 affaibli considérablement l’autorité déjà si déclinante du souverain pontife dans la chrétienté. Chacun des deux Papes tire sa force des Rois qui le reconnaissent et le soutiennent. Loin de pouvoir les commander, ils en sont l’un et l’autre dépendant. L’opinion Chrétienne et les savants se positionnent contre le Pape lui-même, suscitant la convocation par l’empereur du concile de Constance, et qui impose la solution du schisme dans des conditions qui donnent à l’Empereur la supériorité sur le Pape. Le souverain pontife perd par là même toute possibilité de prétendre user de droit désormais nettement anachroniques.



Yves Renouard,la papauté à Avignon, Paris, 1964
M.Aurelle, J-P.Boyer, N.Coulet, La Provence au moyen âge, Aix en Provence, 2005
B.Guillemain, la cour pontificale d'Avignon, Paris, 1966
B.Guillemain, les Papes d'Avignon 1309-1376, Paris, 2000
Jean Favier, les Papes d'Avignon, Paris, 2006

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Y a pas de "e" à la fin de "Aurelle" galinééé !!
Il deviendrait fou... t'imagines si je mettais "Thibault Rabbi" moi ?
Rabbi Jacob va ! xD

Anonyme a dit…

Et bien dis donc... je vis pourtant avec toi et tu continues de m'impressionner chaque jour.

J'ai l'impression qu'il y a des côtés de toi, qu'au bout de 6 ans, je ne connais toujours pas.

Quand je m'arrête à lire ce que tu écris ou quand tu t'entraines devant moi à tes oraux... je suis toujours plus subjuguée par tout ce que tu es devenu... et tout ça grâce à ton LONG travail acharné !

Vraiment bravo !!!!

Et continues dans l'édition de ce blog, qui plus tard, sera de bons souvenirs sur tout le travail que tu auras pu faire... et tu seras fière de montrer tout ça à tes enfants...

Jade