vendredi 28 novembre 2008

La Papauté en Avignon au XIVème siècle


Cet Article est destiné à tous ceux qui n'ont pas peur d'apprendre l'histoire de France.

Une histoire tourmenté notamment au XIVème siècle et ses grandes Catastrophes.

Cette ère de malheur s'accompagne d'une présence des Papes dans le comté de Provence, rattaché au Royaume de France seulement en 1481.

Bonne lecture et n'oubliez pas que toute réflexion est bonne à prendre pour enrichir sa culture générale!



La Papauté à Avignon au XIVème siècle



La papauté est doté d’une histoire tourmenté, elle désigne le pouvoir et le gouvernement du Pape fondé sur la succession de l’apôtre Pierre auquel Jésus avait déclaré: « tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ». L’autorité du Pape est revendiquée dès le IVème siècle. Identifié à la latinité, elle s’impose à la Chrétienté occidentale en soutenant la dynastie des Pipinnides et en revendiquant une base territoriale. Un premier schisme s’effectue avec l’orient en 1054 à cause d’une part du couronnement impérial de Charlemagne, et d’autre part, la crise iconoclaste. L’Eglise essaye de se détacher de l’emprise des puissances laïques par la réforme Grégorienne et essaye même de dominer les puissances Chrétiennes devenant ses vassaux. La papauté oppose aussi le pouvoir du glaive des puissances temporelles à celui des clefs du Pape, et au podestat temporel des princes, son auctoritas, sa suprématie spirituelle, surtout grâce à Innocent III. Quant à la ville d’Avignon, contrairement à se que l’on peut penser, ne se situe pas dans le comtat Venaissin, mais dans le comté de Provence appartenant une des possessions du Roi de Sicile Angevin. Quant à la borne chronologique large que constitue le XIVème siècle, j’ai retenu une période se situant entre l’année 1305, départ de Rome qui ne verra un retour qu’en 1376. Même s’il subsiste des antipapes à Avignon de 1378 à 1403, il ne constitue en rien un rapport avec l’évolution générale de l’Eglise au XIVème siècle. Durant la période Avignonnaise de la papauté voit défiler 7 papes, dont quelques uns sont à retenir comme Clément V (1305-1314), Jean XXII (1316-1334), ou encore Urbain V (1362-1370).
Nous allons d’abord effectuer une mise en contexte de la période. Le 7 septembre 1303, guillaume de Nogaret effectue un attentat sur Boniface VIII, à l’instigation de Philippe le Bel. En plus d’être victime d’un sacrilège, le Pape se place en deçà des monarchies absolues en plein essor, mettant en relief le retard de son gouvernement. La cour pontificale conservée l’aspect d’une grande familia aristocratique, semi-nomade, aux fonctions mal spécifiées, et aux capacités limités. L’attentat dénonçait aussi l’intolérable insécurité qui sévissait en Italie et spécialement dans le patrimoine de Saint pierre. Ce dernier n’offrait pas l’asile nécessaire aux réformes devenues urgentes. Il revenait donc aux successeurs de Boniface VIII de réaffirmer l’ascendant du Pape sur les puissances temporelles et sur tous les chrétiens d’occidents. Or, la résidence Romaine paraissait marginale par rapport à la chrétienté occidentale dont le centre avait glissé vers la méditerranée. C’est donc après la mort de Boniface VIII que commence la route vers Avignon.
Cette évènement laisse à pensait qu’un changement est nécessaire dans l’Eglise, nous allons alors nous nous pencher sur en quoi la Papauté à Avignon marque un tournant pour la chrétienté toute entière ?



I°/ Les origines de la Papauté à Avignon


1) Le premier établissement à Avignon


La guérilla qui opposait les familles Romaines, groupées les unes autour des Gaetanis, les autres autour des Colonnas, rendait fort peu sûres Rome et la campagne qui l’environne. Benoît XI, alors Pape en 1304, décide déjà de quitter Rome après 5 mois d’exercice de sa fonction, pour des provinces dont l’ensemble forme les Etats de l’Eglise. Ces provinces sont nombreuses mais la présence de l’Empereur rend le pouvoir difficile à exercer, c’est pour cela que le pouvoir réel ne s’exerce que dans 8 provinces hormis Rome : La Romagne, la ville et le comté de Bologne, la marche d’Ancône, le duché de Spolète, le patrimoine de saint Pierre en Tuscie, la Campanie et la Maremme, la ville et le territoire de Bénévent, et celle qui nous intéresse, le comtat Venaissin (comté de Venasque). C’est d’ailleurs dans une des villes des ces provinces, Pérouse, dans le duché de Spolète, que Benoit XI s’installe en mars 1304 et meurt en juillet de la même année. Suite à une discorde au sein même du sacré collège, les bonifaciens et les anti-bonifaciens n’arrivent pas à trouver un héritier cardinal pour Benoit XI. On s’achemine alors vers l’élection d’un prélat extérieur au sacré collège n’étant pas mêlé de l’intérieur aux discordes ecclésiastiques. Ce dernier se nomme Bertrand de Got, Archevêque de Bordeaux élu en juin 1905. Bénéficiant d’un népotisme assez normal, il est déjà expérimenté et bien entouré, pour preuve, son frère est archevêque de Lyon. Il prend alors le nom de Clément V (1305-1314) et part pour Vienne en vu de s’y faire couronner. Il pense, par la suite, regagner l’Italie (même si Rome est insécuritaire), mais l’intervention de Philippe IV le Bel le pousse à préférer Lyon comme lieu de couronnement, en novembre 1305, dans le quartier à l’est de la Saône, appartenant au Royaume de France. Clément V séjourne alors dans la vallée du Rhône alors qu’il pensait retourner en Italie. Ce séjour dans le royaume de Philippe IV se prolonge constamment à cause de divers évènement politiques comme la volonté de paix France-Angleterre où le Pape parait l’un des arbitres ou le procès des Templiers, et dans diverses villes aussi, comme Bordeaux ou Poitiers. Clément V effectue donc la plus grande parti de son pontificat dans le midi de la France, surtout dans le duché d’Aquitaine, suivi par sa curie. Le procès des Templiers abouti à la convocation d’un concile qui se tiendra à Vienne, c’est pour cela que Clément V décide de quitter sa région natale. Il parait alors normal qu’en attendant le concile, le Pape s’installe dans une ville à proximité du lieu de réunion. Le choix le plus commode serait de séjourner dans le comtat Venaissin, terre pontificale et enclave dans le comté de Provence. Mais au lieu de s’installer dans une des quatre petites villes du comtat, Clément V s’établi à la lisière occidentale de ce dernier et à l’extérieur, à Avignon, qui appartient au Roi de Sicile et comte de Provence depuis 1290. Il y séjourne à compté du 9 Mars 1309, il s’y installe modestement comme en un gîte provisoire, au couvent des Dominicains.

2) L’installation « définitivement provisoire » à Avignon


Cette installation est le fruit d’un contexte favorable puisque le Pape décide de repousser le concile d’un an, il sera convoqué en Octobre 1311, soit plus de deux ans après l’installation à Avignon. Au lendemain du concile de Vienne, au printemps 1312, l’expédition impériale d’Henri VII en Italie qui émeut le pays tout entier de Milan à Rome et attise l’agitation dans les Etats pontificaux, impose au Pape de rester à l’écart de la péninsule, Clément V revient donc dans le comtat et regagne Avignon pour l’hiver 1312-1313. Clément V passe la fin de ses jours dans un petit village voisin, au château de Monteux auprès de sa famille, et meurt en franchissant le Rhône pour revenir dans sa terre natale, en Aquitaine, en avril 1314 à Roquemaure. La curie se réuni à Carpentras pour respecter le décret établi par Clément V stipulant que le conclave de succession doit s’édifier dans la ville où séjourne la curie au moment du décès du Pape. Carpentras apparaît alors comme le nouveau siège de la papauté, mais ceci est très provisoire puisque le conclave n’abouti pas et, qu’une fois encore sous la pression du Roi de France, un second conclave se réuni à Lyon pour élire comme Pape Jacques Duèse en août 1316, qui prend le nom de Jean XXII (1316-1334). C’est véritablement lui qui établi le siège de la Papauté à Avignon, dès le 2 octobre 1316 où il y revient après le conclave, tout en promettant de retourner à Rome, promesse qui ne sera d’ailleurs pas tenue. Il élit domicile au palais épiscopal et pour s’assurer de ne pas se heurter à l’évêque, il se réserve l’évêché d’Avignon et fait administrer le diocèse par l’évêque de Marseille. Le Pape habite ainsi sans contestation ni ennui le palais épiscopal d’Avignon, son ancienne résidence, entouré de sa curie et de sa famille, en attendant que les évènements lui permette de retourner en Italie. Avignon est donc le siège de la Papauté et même si on sait qu’il le restera jusqu’en 1376, voir plus tard selon les analyses, il n’en demeure pas moins un siège provisoire, une étape avant le retour en Italie. C’est d’ailleurs en cela que le terme de siège définitivement provisoire s’adapte de très bien à cette situation. Un siège qui rencontre de grands atouts pour accueillir une Papauté en déclin depuis l’attentat d’Anagni sur Boniface VIII. Ces atouts découlent de l’origine même de Jean XXII, ancien évêque d’Avignon, grand seigneur dans sa région, mais pas seulement.

3) Avignon, une ville aux multiples atouts


La première implantation à Avignon, par Clément V est d’abord le fruit du contexte de l’époque. En effet, la résidence du Pape ne devait pas être trop éloignée du Royaume de France, pour permettre les continuelles négociations avec le Roi sur les deux graves questions du moment à savoir le procès des templiers et les relations avec l’Angleterre. Elle ne devait pas non plus être éloignée ni de l’Allemagne ou Clément V avait suscité l’élection comme Roi des Romains de Henri de Luxembourg, à l’encontre des prétentions de Philippe le Bel ; ni de l’Italie où se trouve le véritable siège de la papauté mais aussi où des guerres éclatent comme celle de Venise. Finalement, elle ne devait pas être loin de Vienne où devait se tenir le concile sur les Templiers. Le Comtat Venaissin, seule fraction des Etats de l’Eglise située au nord des Alpes, répondait à toutes ces nécessités. Cependant c’est à l’extérieur que s’installe Clément V, à Avignon villes aux multiples avantages. Le premier est celui de la paix, la population exigüe d’Avignon rendant peu propice les révoltes fréquentes à Rome. Cette population n’avait pas, comme les Romains, une tradition plus que millénaire de gouvernement du monde et elle ne cherchait pas à s’imposer à son hôte de choix qu’elle souhaitait retenir. Le palais épiscopal établi sur le rocher des Doms était en lui-même une maison forte dans un lieu naturellement défendu par l’escarpement. De plus, la protection du Roi de Sicile et comte de Provence, à qui appartenait la ville, était assuré au Papes et aux Cardinaux. Outre la protection même du site, s’étendait sur le domaine Angevin, une paix publique réelle, même si elle était imparfaite. Le Pape jouissait aussi du zèle du comte de Provence, donnant au Papes des terres comme le vicomté de Tallard en 1326, les retenant en terres Provençale. Le Pape pouvait aussi agir en partenariat avec un autre souverain puissant, le Roi de France, très proche géographiquement. D’autre part, la situation centrale d’Avignon dans la chrétienté se révélait admirable pour aider le chef de celle-ci à la gouverner. La distance entre Avignon et les régions périphériques de la chrétienté sont réduite en générale par rapport à Rome, se situant à 1275km de Lisbonne ou encore à 1325km de Cracovie. Au Moyen-âge, c’est le réseau des voies terrestres, fluviales et maritimes de l’Occident qui détermine, bien plus que les distances, la vitesse des relations et des déplacements, et dans cette configuration, Avignon est beaucoup mieux placé que Rome de part son port fluvial à proximité de la mer méditerranée, c'est-à-dire un espace au commerce et aux mouvements très rependus. Avignon se place en fait au cœur d’une exceptionnelle étoile de route maritime, terrestre et fluviale. Comme énoncé précédemment, Le fait que Jean XXII soit ancien évêque d’Avignon n’est pas anodin dans le choix du siège, secondé part le fait que les Papes suivants sont originaires des pays de langue d’Oc, voisins d’Avignon. De plus, Avignon et très peu éloigné d’une partie des Etats pontificaux tout en étant une grande ville pour l’époque (moins que Rome tout de même). En effet, Carpentras ou Pernes sont des villes trop petites pour s’adapter à la présence d’une grande cour. Ces multiples raisons font d’Avignon le centre de ce que vont développer les Papes, à savoir la monarchie épiscopale.



II°/ La sédentarisation Avignonnaise, ou la monarchie pontificale


1) Le développement de la cour pontificale


Si l’on considère la Papauté comme une monarchie, elle est dotée d’une cour, cette dernière se nomme la curie. La résidence fixe des Papes à Avignon facilite l’accroissement de leur cour que manifeste à l’évidence l’extension continuelle du palais passant d’un palais vieux, au palais neuf pour plus de commodité dans le gouvernement. Cependant, le palais ne pouvait pas contenir toute cette population, et l’administration dispersa une partie de ses locaux dans la cité. La cour pontificale est constituée par l’ensemble des personnes qui aident le pape à gouverner et à administrer l’Eglise, de celles qui l’entoure pour le protéger et l’honorer, et de celles qui assure sa subsistance et son entretien. De manière plus simple, la cour comprend l’entourage intime du Pape (parents proches et le personnel pour sa piété), le sacré collège qui constitue avec le Pape le gouvernement de l’Eglise (assemblé de cardinaux dont le cardinal camérier est le chef), les services administratif et judiciaires de l’Eglise (la chambre apostolique pour les affaires financières ,la chancellerie qui expédie les lettres émanant du pape, les tribunaux pontificaux, et la pénitencerie apostolique véritable tribunal spirituel), les services de garde et d’honneur ( la garde du pape et du palais en général) ,et les offices du palais ( quatre grands office, la cuisine, la paneterie, la bouteillerie, et la maréchalerie). Son nombre s’accroit constamment depuis que le Pape assume de plus en plus la direction suprême de toute la chrétienté. Déjà, le faste et le népotisme de Boniface VIII portait son nombre à 300 et dès que celle-ci fut fixé à Avignon, dans un palais dont les divers services ne sortaient jamais, elle pu se développer régulièrement et sans contrainte. A ces fonctionnaires pontificaux se rajoute le personnel lié aux cardinaux, une trentaine pour chaque cardinal au nombre variant de 20 à 30, soit prés de 1000 personnes. Tout ce personnel comprend plus de 2/3 de laïcs. Toute cette concentration de population de fonctionnaires pontificaux et cardinalices et leurs familles qui constituent l’essentielle de la cour pontificale forme un groupement d’environ 3000 âmes. Ce personnel provient de touts les parties de la chrétienté, mais l’origine méridionale de tous le Papes d’Avignon, leur népotisme, le fait que 113 des 134 cardinaux furent Français et pour les ¾, Français du midi comme eux, assure un large recrutement des curialistes et des familiers des cardinaux dans les pays de langue d’Oc. C’est d’ailleurs se fulgurant accroissement qui fait opposer la curie à un éventuel retour à Rome. D’une part, le déménagement d’un personnel et de services de plus en plus important devient une entreprise sans équivalent et inquiétante, et d’autre part, tout déplacement risque de provoquer des disfonctionnement dans une organisation sédentarisé. Il a donc fallu une volonté surhumaine, avec de grands motifs spirituels pour arraché la curie d’Avignon en 1367 (départ d’Urbain V) et en 1378 (retour définitif vers Rome). Cette hausse quantitative et qualitative des services du Papes amènent à une centralisation administrative et financière

2) La centralisation administrative et financière


La centralisation de l’Eglise sous l’autorité du Pape avait grandi au rythme parallèle du développement du prestige pontifical dans le monde et de l’intensité croissante des communications. Cette prétention du gouvernement de plus en plus direct de l’Eglise entière se manifestait surtout dans 3 domaines : celui de la nomination des bénéficiés, c'est-à-dire des clercs qui gèrent des offices ecclésiastiques dans toute la chrétienté (mineurs et majeurs); celui de la perception d’impôt par le saint siège sur ces bénéficiés ecclésiastiques; celui enfin de la construction de l’Eglise. Dans tous ces cas, les Papes d’Avignon se présentent comme des juristes, des canonistes, voire des civilistes. L’action de Jean XXII dans la nomination aux offices fut la plus grande établissant les bases de la collation pontificale. Par sa situation géographique, Avignon a permis au Pape d’étendre plus rapidement son autorité sur l’Eglise entière. Tout se passe comme si la centralisation administrative inéluctable de la chrétienté avait été facilitée et rendue plus homogène par la présence des Papes à Avignon. Le développement de la fiscalité pontificale est à la fois un des mobiles tardifs et une des conséquences de cette centralisation administrative. Cette centralisation financière est exclusivement l’œuvre des Papes d’Avignon. En amenant à eux la collation de tous les bénéfices, les Papes ont développé une fiscalité considérable qui frappe tous les bénéficiers qu’ils ont pourvus, c'est-à-dire, à partir d’Urbain V (1362-1370), tous les bénéficiers majeurs et beaucoup de bénéficiers mineurs de la Chrétienté. Déjà, à la fin du pontificat de Jean XXII, le système financier du Saint Siège est élaboré. Les revenus se divisent en 5 partis: les revenus des domaines de l’Eglise; le cens provenant de l’exercice du droit de suzeraineté du Pape sur les royaumes chrétiens vassaux et le cens acquitté par les monastères et les églises exempts de l’autorité ordinaire; les impôts levés sur les bénéficiers ecclésiastiques, représentant la moitié des revenus de l’Eglise (divisé eux même en plusieurs parties: les services, série d’impôt que doivent acquitter tous les prélats nommés ou confirmés par le Pape; les visites, impôts perçus lors des visites des évêques et des abbés au Papes qu’il devait en fait faire sur le tombeau de st Paul; ou encore les procurations ou les annates); les produits de la juridiction spirituelle du saint siège; et finalement les dons, legs, et autres revenus divers. Jean XXII et un de ses plus proches conseillés Gaspert de Laval effectuent un examen de ces ressources et aboutissent à une double constatation, les revenus du saint siège proviennent surtout du Royaume de France et que la plus grosse dépense constitue à l’entretient d’une armée qui mène 40 ans de guerre en Italie pour permettre au Pape de retourné à Rome. Par ses larges revenus, la Papauté d’Avignon se range parmi les principales puissances financières de son temps, même si elle à des ressource sensiblement moins importantes que les Rois d’Angleterre et de France. Leurs dépenses oscillent selon les Papes, certains préférant la guerre pour un retour en Italie comme se fut le cas de Jean XXII, alors que d’autres préfèrent la diplomatie, se fut le cas de Clément VI. Cette prospérité n’empêche pas les difficultés financière d’apparaître dès le pontificat d’innocent VI (1352-1362). En parallèle de cette évolution se dessine une prise de pouvoir direct du Pape.

3) Le Pape, un monarche à part entière


La centralisation administrative et financière de l’Eglise sous l’autorité du Pape favorisait, au fur et à mesure de son développement, la solution monarchique du problème de la structure même de l’Eglise depuis la réforme Grégorienne. La présence de l’autorité du Pape allé en s’affirmant depuis lors, en témoigne la présence de ses prélats dans toute la chrétienté ou encore l’obligation progressive des évêques de prêter serment de fidélité au Pape signe véritable d’une organisation monarchique et féodale. La multiplication des bénéfices accordés par le Pape lui permet de s’établir un réseau de clientèle très élargi, à l’image d’un Roi de l’époque. C’est d’ailleurs dans une sorte de consensus général que le Pape continu l’œuvre entreprise par Grégoire VII, devenant « l’évêque de la chrétienté », le Pape accroit son pouvoir dans tous les domaines, par exemple, il se réserve le droit exclusif à canoniser un saint. L’image même du Pape en ressortait grandit, perçu comme un personnage vraiment extraordinaire, en témoigne l’expression l’Alvaro Peyalo, un franciscain nommé pénitencier par Jean XXII, le voit comme « pour ainsi dire Dieu ». Cependant, comme tout Roi de l’époque, le Pape se voit assigner des limites à son autorité. En effet, les cardinaux considèrent que le saint siège est constitué par la réunion du Pape et du sacré collège, et que celui-ci doit partager avec le Pape l’autorité sur l’Eglise comme il partage avec lui les revenus du saint siège. Cette vision vise à aboutir à une organisation aristocratique. De plus, l’opinion générale de la chrétienté reste plutôt favorable à la suprématie du concile sur le Pape, c'est-à-dire le gouvernement de l’Eglise par des assemblées conciliaires successives où le Pape se bornerait à assurer l’exécution des décisions. Les cardinaux ne sont pas exempts de puissance, pour preuve, à la mort de Clément VI en 1352, ils se réunirent en conclave et signent un compromis au terme duquel celui d’entre eux qui deviendrait Pape devra réduire le nombre de cardinaux à 20 et obtenir leur consentement pour toute nouvelle création de poste de cardinal. Malgré ses volontés, la tentative du sacré collège à échoué et le Pae reste de maitre d’énormément de prérogatives, les cardinaux se bornant à un rôle important lors des interrègnes (rôle même très important à se moment la en témoigne le schisme qu’ils provoquent). De plus, il n’y eu pas de concile durant toute la période Avignonnaise de la Papauté, à l’exception de celui convoqué par Clément V, mais c’est lui qui en fixa le programme et qui en a imposer les solutions, à savoir la suppression de l’ordre des Templiers alors que la majorité conciliaire y été hostile. S’établi alors un parallélisme entre pouvoir pontifical et pouvoir royal, très visible si on compare le Pape au Roi de France, la plus grande puissance Royale en ce temps qui à d’ailleurs grandement influencé l’exercice du pouvoir pontifical. Les interventions militaires en Italie témoignent aussi de la volonté du pape de s’établir comme un Roi, préalable du retour vers Rome, puisque ses possessions lui offriraient des assises territoriales nécessaires à un véritable Etat. La monarchie pontificale établie par les Papes d’Avignon, place cette ville au centre de la chrétienté, une chrétienté qui s’inscrit dans une aire de renouveau.


III°/ Avignon, centre d’une tentative de renouveau de l’Eglise


1) Le mécénat des Papes d’Avignon

Les Papes d’Avignon sont très enclin à la culture. La première marque de cette observation réside d’abord la construction de deux palais successifs. Ce sont les conditions financières favorables de la Papauté qui ont permis l’établissement d’un véritable mécénat pontifical. Les Papes d’Avignon consacrent environ 4% de leurs dépenses à des œuvres purement intellectuelles et artistiques. La construction et la décoration du palais des Papes constituent un admirable programme de mécénat artistique, une impulsion plus particulièrement donné sous Benoit XII (1334-1342) et Clément VI (1342-1352). Fresques et tapisserie se côtoyaient dans un espace constamment agrandi. La bibliothèque pontificale est aussi un programme une preuve de l’attachement culturel des Papes, un secteur retient notre attention, c’est celui de la collection de manuscrit qui constitue peu à peu la bibliothèque, perçu comme « le trésor de l’Eglise Romaine ». Une large part provient des confiscations des prélats décédé, alors qu’une autre part vient de copiage ordonnés par le Pape afin de se munir de textes utiles à son gouvernement, c’est le cas d’ouvrage sur les croisades. D’ailleurs, l’enrichissement de la bibliothèque pontificale ne pénalisa pas les finances puisque les manuscrits ont été confisqués pour la plupart. L’inventaire de 1369 énumère et décrit plus de 2000 manuscrits de Les cardinaux possèdent aussi une bibliothèque chacun composé selon les même principes que celle du Pape. Les mieux fournies d’entre elles concentraient 150 à 200 manuscrits. Le mécénat se manifeste aussi dans le recrutement et le développement de la chapelle, puisqu’il est normal que la chapelle pontificale soit d’excellente qualité. Son recrutés alors des chanteurs et des musiciens venus du nord, de liège notamment. C’est musicien introduisent la nouvelle musique preuve de l’ouverture à l’innovation des Papes d’Avignon. En fait, le mécénat pontifical présente un intérêt particulier, celui de rassembler à Avignon, des artistes et des écrivains venus de toutes les parties du monde chrétien. Il à fait d’Avignon un centre de contact et de transmission des cultures. C’est d’ailleurs un centre de contact qui continu de vivre, même après le départ des Papes puisque son activité intellectuelle reste supérieure à celle d’Aix. Cette voie culturelle prôné par la Papauté trouve sa racine dans la formation des Pape, ayant suivi, à l’exception de Benoit XII et Clément VI, une formation universitaire en droit et pensaient que leur mission sacré pouvait se justifié par un arsenal de référence livresque. La peinture est aussi un secteur qui reflète le mécénat des Papes. S’il ne reste qu’un petit nombre d’œuvre à cause de l’usure du temps et de la transformation de l’urbanisme des exemples permettent d’évalué l’ampleur de la chose, en témoigne les peintures du frère mineur Pierre Dupuy. Des Eglises sont reconstruites comme celle de Saint-Agricol grâce à Jean XXII témoignant d’une volonté de rénovation. L’humanisme vit aussi le jour à Avignon, à partir de Clément VI qui commence la recherche des œuvres antiques, demandant notamment à Pétrarque grand pré-humaniste, de lui chercher des œuvres de Cicéron. Cette volonté humaniste se situe en décalage avec la mission spirituelle de bases du Pape, cette dernière s’en trouve lésé.

2) Des Papes plus temporels que spirituels.

Au moment où s'achève l'organisation de l'Eglise en une monarchie centralisée, un des buts même de cette organisation, la reconquête et la protection de l'Orient Chrétien, semble d'abord négligée, puis même abandonné. Cette évolution trouve ces racines dans la dissolution de l'ordre des Templiers par Clément V lors du concile de Vienne, et accentué par le retour des Hospitaliers à Rhodes, marquant la disparition de toute Chrétienté indépendante en Syrie et en Palestine. Cette lourde centralisation ne trouve donc pas sa justification dans la victoire sur l'infidèle en vue de laquelle elle s'est développée. Elle ne la trouve pas davantage dans la réforme morale qui fut, au temps de Grégoire VII son mobile initial, Aucun grand effort de réforme n'a été entreprit durant la période des Papes d'Avignon. Ces derniers ne réunissant plus de concile, ayant prit exclusivement la direction de l'Eglise, il est inévitable qu'ils encourent la responsabilité du relâchement naturel de la vie morale et spirituelle dans l'Eglise. Certains contemporains, plus sensibles à cet aspect moral de se qu'ils considèrent comme la faillite de la Papauté, profitent du discrédit provoqué par l'absence de lutte contre l'infidèle pour exprimer de vives critiques à cette centralisation monarchique. La résidence d'Avignon est loin du tombeau des apôtres, du palais fastueux qui les habite etc... Les plus grands de ces détracteurs sont le Franciscains, cherchant depuis leur création à organiser un monde de vie commun fondé sur la pauvreté pour imiter la vie du Christ, et par l'aspect centralisateur des finances, la richesse que projette la Papauté dans le monde chrétien est en total inadéquation avec cette optique. Cette critique proposé par les Franciscains trouve un écho considérable dans toute la chrétienté, la pauvreté qu'exalte les frères mineurs apparaît, face l'ostentation de la richesse source de vices, comme le véritable gage du salut. Cette croyance est renforcée par les grandes catastrophes du XIVème siècle, à savoir la grande peste et le début de la guerre de 100 ans, étant perçu comme une punition de Dieu. Ce mouvement de contestation est touche véritablement la société en générale et donc les laïcs, attiré par la prédication et l'exemple des frères mendiants. En parallèle de cette contestation survient l'idée que les Papes sont incompétents dans leurs fonctions de par leur formation. En effet, depuis que l'ermite Célestin V, les Papes ne sont plus des mystiques, même pas des théologiens à l'exception de Benoît XII, se sont en fait des juristes. Il ont donc tendances à organiser l'Eglise comme une gigantesque machine administrative et à considérer la vie chrétienne comme faite plus de rapport juridiques, que de relations réelles et affectives entre Dieu et les hommes. Malgré cet énorme discrédit, l'autorité du Pape sur tous les chrétiens demeure considérable pendant tout le XIVème siècle où il à renforcé ses prises. L'action des Papes sur les fidèles qu'ils ont eux même nommés, renforce la vénération naturelle qui doit lui être voué. Finalement le Pape intervient dans la sphère spirituelle en réprimant les hérésies (énoncé au concile de Vienne) en renforçant le tribunal de l'inquisition, et luttant contre les Frères et Sœurs du Libre esprit notamment, ou encore contre les croyances magiques. Cette Présence, bien que modeste, de maîtrise de la vie spirituelle trouve un écho dans les relations des Papes avec la chrétienté toute entière.


3) Le déclin de l’intervention pontificale dans le monde

De même qu’ils prétendaient diriger l’Eglise de plus en plus directement, les Papes depuis la réforme Grégorienne, prétendaient exercer une autorité suprême sur toute la société chrétienne. En premier lieu, la prééminence spirituelle du Pape, détenteur du pouvoir de lier et de délier conféré par Jésus à Pierre, lui permettait d’invoquer à son tribunal tous les chrétiens à raison de leurs pêchés, et ni les Rois ni l’Empereur n’échappaient à se magistère. Associé à cette idée, la théorie des deux glaives de Boniface VIII stipulant que le glaive des puissances temporelles doit être sous les ordres du Pape, prouve, en théorie, la suprématie du Pape. Ces deux théories sont renforcées par le système des Royaumes vassaux du Saint Siège, développé dès innocent III, qui tendait, en utilisant la structure pyramidale propre à la société féodale, à rattacher directement au Pape, par un lien personnel, tous les Roi de la Chrétienté. Cependant, la réalité du temps des Papes d’Avignon et tout autre. La théocratie pontificale n’est presque plus qu’illusoire, en témoigne l’action de Louis de Bavière qui n’attends par le consentement du Pape pour se prétendre Roi des Romains. De plus, la déclaration de Rense de 1338 prouve que les électeurs du Roi sont les seuls possédant le pouvoir de faire le Roi. Il va de même pour la structure féodale évoqué précédemment. Le cens annuel versé au Pape, preuve de la reconnaissance de la vassalité d’un Roi, n’est plus versé durant le temps de la Papauté à Avignon, preuve évidente du relâchement des liens féodaux qui les rattachaient au Pape. Il ne reste donc plus que des Rois faibles dans la vassalité pontificale, ceux qui ont besoin de la protection du Pape. C’est notamment le cas du Roi Angevin de Sicile qui, investi dans son Royaume par le Pape en 1265, et privé de son île à la suite des vêpres Siciliennes de 1282, attend de l’aide pontificale le rétablissement de ses droits sur cette moitié perdue de son Royaume. Le Pape apparaît alors plutôt comme un chef de parti plutôt qu’un chef universel. Le Roi de Sicile et la ville de Florence, les deux entités meneuses du parti guelfe sous l’autorité directe du pape, pousse à le croire. Cette vision de la Papauté comme chef de parti se voit d’autant plus qu’elle favorise, sur la scène Chrétienne universelle, ses vassaux, discréditant par exemple les Aragonais au profit des Angevins. Ainsi, tout au long du XIVème siècle, la souveraineté générale du Pape reste plus théorique que pratique, mis à part quelques actions qui vont dans le sens inverse comme l’attribution des terres nouvellement découvertes (îles canaries données par Clément VI à Louis de la Cerda en 1344) ou encore la lutte contre les conflits petits et grands d’ailleurs (sans grands succès, en témoigne la guerre de 100 ans). Ce relâchement de l’autorité du Pape sur les princes Chrétiens a aussi pour cause les tendances générales de l’évolution des idées et l’affirmation de nouvelles conceptions politiques au XIVème siècle. Le développement du droit Romain pousse les princes à construire un pouvoir absolu qui ne peut s’accommoder d’aucun supérieur temporel. En plus de cela, une véritable interprétation théologique conforte cette évolution, de même que la foi et la raison, le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir laïc, nettement séparé, ne doivent pas interférer. Ni l’Empereur ni les Rois ne tirent leur pouvoir du Pape. Ce n’est donc pas seulement la faiblesse du Pape qui est à l’origine de son déclin dans le monde Chrétien.
L’histoire de la Papauté à Avignon est en fait construite sur des contradictions. Une mise en place rapide et inattendue dans une ville du comté de Provence qui contient de grands avantages absolu. La sédentarisation de la Papauté à Avignon entamé par Clément V entraine par conséquent la création d’une monarchie centralisé et hiérarchisé, générant d’énormes richesses avec à la tête de laquelle se trouve le Pape, personnage plus puissant que jamais. En tout cas c’est la vision qui nous éclaire au premier abord cas si nous regardons la situation du Pape et de la Chrétienté en général, le constat est beaucoup plus mitigé et cela malgré un mécénat sans autres envergures. La présence temporelle laisse une mince part à la sphère spirituelle, pourtant essence même su christianisme, vivement critiqué, discréditant l’image du Pape dans tout le monde chrétien. Nous pouvons résumer l’action des Papes d’Avignon comme une victoire temporelle mais un recul spirituel, cette affirmation est tout de même à nuancé, l’action des Papes amenant la chrétienté au schisme d’Occident. La Papauté marque donc un tournant décisif dans l’Histoire de la Chrétienté, centralisé mais discrédité.
Le schisme qui éclate en 1378 affaibli considérablement l’autorité déjà si déclinante du souverain pontife dans la chrétienté. Chacun des deux Papes tire sa force des Rois qui le reconnaissent et le soutiennent. Loin de pouvoir les commander, ils en sont l’un et l’autre dépendant. L’opinion Chrétienne et les savants se positionnent contre le Pape lui-même, suscitant la convocation par l’empereur du concile de Constance, et qui impose la solution du schisme dans des conditions qui donnent à l’Empereur la supériorité sur le Pape. Le souverain pontife perd par là même toute possibilité de prétendre user de droit désormais nettement anachroniques.



Yves Renouard,la papauté à Avignon, Paris, 1964
M.Aurelle, J-P.Boyer, N.Coulet, La Provence au moyen âge, Aix en Provence, 2005
B.Guillemain, la cour pontificale d'Avignon, Paris, 1966
B.Guillemain, les Papes d'Avignon 1309-1376, Paris, 2000
Jean Favier, les Papes d'Avignon, Paris, 2006

lundi 3 novembre 2008

RDA-RFA, une frontière qui subsiste

Rien de tel qu'un article d'histoire pour bien commencer la journée, je vous fait donc part de mes dernières recherches sur l'Allemagne.


Juger par vous même et n'hésitez pas à me reprendre lors d'erreurs de ma part, toute critique constructive est bonne à prendre.


Historien vous voila dans l'antre du savoir!


Le 9 novembre 1989, un des plus grands murs de tous les temps s’effondre, le mur de Berlin. Un mur vieux de presque 30 ans symbolisant la fracture de l’Europe entre monde capitaliste et communiste. Plus que la ville en elle-même, c’est l’Allemagne toute entière qui est séparé entre d’un coté la RFA, république fédérale d’Allemagne, dans le camp capitaliste, et la RDA, république démocratique d’Allemagne, dans le camp Communiste. La réunification de 1990 entre les deux Allemagnes marque le renouveau d’un destin commun de deux anciens pays aux modèles différent. Dans les textes, l’Allemagne est de nouveau unifié, cependant, dans les faits, la réalité est tout autre. En effet, une frontière existe encore entre l’ancienne RFA et l’ancienne RDA, plus au niveau institutionnelle mais à des niveaux plus succins comme l’économie ou encore la culture.
Notre corpus de document est assez diversifié avec un dossier de carte, un dossier de statistique, mais aussi deux extraits d’articles plus classiques. D’abord, l’extrait de l’article du courrier des pays de l’est, paru en novembre-décembre 2004, nous expose un retracé de l’histoire des deux Allemagnes de leur scission à leur réunification, d’où le nom de l’article, Fragmentation et recomposition. Allemagne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, URSS,. Nous ne retiendrons cependant que le cas de l’Allemagne, une reconstitution des évènements qui nous éclaire sur les antécédents de la réunification pour analyser la situation actuelle de l’Allemagne. Ensuite nous avons un extrait d’un article d’Hérodote paru en février 2001, traitant du sort de Berlin depuis la réunification, nous ne nous concentrerons que sur les aspects économiques et culturels. Le titre du document est significatif, Berlin, une capitale en attente, il traite alors d’aspects économiques, culturelles et géopolitiques nous permettant de mieux appréhender les réalités d’une capitale enclavé dans une zone (ancienne RDA), encore en retard dans différents domaines par rapport aux résultats nationaux. Nous croiserons ces documents écrits classiques avec des sources plus malléables,un dossier de cartes. Ces dernières nous permettent de s’imager les divergences internes du pays. Nous en avons alors retenus quatre qui retracent l’histoire de l’Allemagne, provenant de différentes sources, à savoir le bureau statistique fédéral et des Länders ou encore le bureau européen des statistiques (ou Eurostat), sans oublier les archives de la CGT et de l'université de Leibniz. Nous avons finalement dans notre corpus, un dossier statistique de diagrammes sur les élections municipales de villes dans le Land de Saxe se situant en ex-RDA, issu quant à lui des archives de l'université de Leibniz. Il nous permet de comprendre les différences idéologiques et politiques qui subsistent au sein d’un pays réunifié.
Grâce à ces différents documents et la mise en contexte élaboré plus haut, nous pouvons nous interroger sur l’Etat de l’Allemagne depuis la réunification. Nous pouvons résumer cette vague analyse en une seule question, en quoi la frontière entre l’ancienne RDA et l’ancienne RFA subsiste t’elle dans des formes non-institutionnelles, malgré la volonté d’unification nationale ?
Après avoir étudié la situation de départ de l’Allemagne réunifié aux différences flagrante, notamment au niveau politique, économique et migratoire ; nous verrons les tentatives d’homogénéisations entreprises par l’Etat, adoptant une stratégie interventionniste, de redressement par la culture et d’unification institutionnelles. Nous finirons par l’étude de la situation actuelle, caractérisé par une intégration économique limitée de l’est, une grande différence de niveau de vie et un paysage politique révélateur des idées politiques divergentes entre l’est et l’ouest.

I°/ Un constat de départ, des différences flagrantes.

L’Allemagne de l’ouest et de l’est possède de nombreux différents. Politique, économique ou culturel, autant de divergence qui laisse à pensé qu’il existe une véritable frontière entre les deux pays. Mais la réalité est toute autre puisque depuis 1990 l’Allemagne de fait plus qu’un ensemble politique unique. Ces divergences de départ prennent leur source dans des faits antérieurs à l’unification. Le déséquilibre économique est plus que flagrant et les migrations se multiplient au sein d’une Allemagne encore divisé par rapport à leur perception du fait migratoire.

1) Les antécédents de la réunification, une frontière politique.

Nous allons ici faire une histoire de l’Allemagne de sa scission à sa réunification, surtout à l’aide de l’article du courrier des pays de l’est, pour comprendre les origines des grandes différences de ce pays. Au départ, l’a frontière séparant les deux Allemagnes et une réalité politique. A l’issu de la seconde guerre mondiale, l’Allemagne est occupé par les 4 vainqueur à savoir les Etats-Unis, le Royaume-Uni, et la France d’un coté ; et l’Union Soviétique de l’autre. A l’image du pays, Berlin est aussi divisé entre ces 4 zones d’occupations comme nous le montre la carte n°3. L’unification des forces dites « capitaliste » fut rapide avec la fusion des zones Britanniques et Américaines dès juillet 1946. Une bizone transformée en trizone avec la fusion de la partie Française à la fin de l’année 1948. C’est alors qu’avec l’aide des occidentaux, un gouvernement ouest Allemand s’édifie, se proclamant république fédérale d’Allemagne, un Etat de droit. En réponse à cela, l’union soviétique transfigure son action en Europe de l’est sur le territoire Allemand et forme un gouvernement proclamant la république démocratique d’Allemagne, un Etat dans la lignée des démocraties populaire de l’Europe de l’est. La scission est effectuée, une véritable ligne politique s’installe au sein même d’une Allemagne ruinée par la guerre. Une ligne qu’aucune des deux Allemagnes ne veut effacer pour l’instant, malgré la possibilité d’échanges économique que leur fourni leur proximité géographique. Berlin, à son image, devient une sorte d’enclave occidentale en RDA, pour combattre l’avancée du communisme en Europe. Les crises s’enchainent en Europe et atteignent leur paroxysme avec la construction du mur de Berlin e 1961. L’Allemagne est encore terrain d’enjeu de la guerre froide. Ce « mur de la honte » met fin aux émigrations des Allemands de l’est vers l’ouest, fait migratoire encore d’actualité de nos jours. Dès 1969, le chancelier de la RFA, Willy Brandt cherche à effectuer le rapprochement avec la RDA, dans cette optique il multiplie les échanges économiques avec elle et la reconnaît en tant qu’Etat souverain, la formule à retenir est alors « deux Etats une Nation » (aussi présente dans l’article du courrier des pays de l’est). S’en suit le traité de 1972 qui normalise les relations entre les deux Allemagnes, 1ère genèse de réunification. L’apaisement provoquer par l’arrivé de Gorbatchev à la tête de l’Union Soviétique permet aux deux Allemagne d’exprimer plus clairement leur entente grâce à l’action de Kohl, 1er chancelier de la RFA. Au lendemain de la chute du mur de Berlin la réunification semble inéluctable, effective le 3 octobre 1990 sur demande même de la RDA, qui propose de se faire intégrer à la RFA. Cette unification laisse l’Allemagne en situation délicate, surtout sur le plan économique.
2) Un déséquilibre économique significatif.
Déjà, tout au long de la période dite de « division », les deux Allemagnes, il existait de grands déséquilibres économiques. Les échanges entre les deux Allemagne se faisaient dans un déséquilibre total, dominé grandement par la RFA, à l’heure de la réunification le constant est sans appel, la RFA est en avance économiquement sur la RDA. Cette avance dépend grandement du modèle adopté par la RFA, un modèle dynamique et d’initiatives dû au capitalisme. Malgré ce déséquilibre de départ la RFA veut effectuer l’unification de l’économie avec son ancien voisin, même si cela lui préjudiciable. Dans la réalité, c’est véritablement le modèle capitaliste qui est implanté en Allemagne de l’est, au dépend des travailleurs de cette zone. Avant la chute du mur de Berlin, l’Allemagne de l’est se présente comme la 10ème puissance industrielle du monde, il n’en est rien puisque son économie est au bord du gouffre. La RFA ayant surestimé les capacités de l’Allemagne de l’est, elle a fort à faire faire pour recréer un équilibre. D’après l’article du courrier des pays de l’est, l’Allemagne réunifié opère à une rigueur monétaire sans précédent pour rééquilibrer l’économie. L’ex-RDA, malgré les encouragements aux investissements étrangers, ne voit pas sa croissance décoller se qui a pour conséquence, entre autre, de créer un chômage de masse. Nous pouvons même aller plus loin est constater qu’au lendemain de la réunification beaucoup d’entreprises ferment, trop peu compétitives. Les usines y sont vétustes, source d’apparition d’une friche industrielle étendue. Tous les efforts de l’Allemagne réunifiée se tournent vers le rééquilibrage politique du pays. Pour preuve, prés de la moitié du PIB national est réinjecté dans les cinq nouveaux Länders de l’est. Ce grand gouffre économique se répercute aussi sur le niveau de vie (PIB/habitants), beaucoup plus faible en ex-RDA qu’en Allemagne de l’est. Ce déséquilibre est aussi une ligne de rétablissement fixé par le gouvernement Allemand. Un problème se pose cependant, les Allemands de l’est ne se rallient pas forcement au modèle occidental de l’économie de marché, se trouvant parfois dans des situations encore plus délicates de celle qu’ils ont connu sous l’égide du régime communiste. Malgré cette nuance, les migrations internes montrent grandement que l’Allemagne de l’ouest offre plus d’atout que l’Allemagne de l’est. Malgré ce retard de l’ex-RDA, l’Allemagne se sort plutôt bien de la crise mondiale du début des années 1990, les Allemands de l’est constituant un marché friand de consommation, dont ils ont été privés pendant longtemps. La frontière économique intérieure de l’Allemagne entre les deux anciens Etats n’est donc pas totalement poreuse.
3) Des migrations révélatrices.
Depuis le début de la séparation des deux Allemagne, les migrations Est-Ouest sont une réalité effective, comme nous le démontre l’article du courrier des pays de l’est, et dans de moindre mesure, celui d’Hérodote. C’est d’ailleurs pour éradiquer cette émigration que le mur de Berlin est construit. Le mur n’a en fait que limité l’émigration vers l’ouest qui reprend dès sa chute. Au lendemain de la destruction du mur, l’Allemagne de l’ouest voit arriver une immigration massive en provenance d’Allemagne de l’ouest. Ces immigrations sont bien entendu le résultat d’un niveau de vie trop bas et d’un régime politique autoritaire. Les espoirs de vie meilleure, placé dans le régime capitaliste de l’ouest sont aussi un des facteurs de la fuite vers l’ouest. Ce sont aussi ces migrations qui poussent les deux gouvernements à se réunifier, les habitants des deux Etats se sentant appartenir à un même peuple. Cette immigration pré-réunification est alors compréhensible, cependant cette dernière continue après la réunification, c’est donc une preuve qu’il existe encore une frontière, certes abstraite, mais effective sur le plan du niveau de vie et de l’économie. Les Allemands cherchent encore une vie meilleure en migrant vers l’ouest de l’Allemagne. Les migrations au sein de Berlin sont aussi une réalité, Berlin est en fait perçu comme une véritable image de l’Allemagne, les migrations ne dérogent donc pas à la règle. Ces migrations internes sont très défavorables à l’économie du pays puisqu’on cherche à remettre l’Allemagne de l’est, mais sans hommes, cela n’est pas possible. La conception de l’immigration est fondamentalement différente entre l’ouest et l’est, montrant une grande frontière culturelle sur ce point. L’attentat xénophobes, non isolé, sur un foyer d’immigrés Vietnamiens à Rostock en témoigne. Nous pouvons interpréter ces actes xénophobes comme une conséquence de la transition trop rapide d’un régime totalitaire qui, par la contrainte de la répression, avait pu masquer ces problèmes, à la démocratie et à la liberté, lesquelles avaient finalement permis l’expression des sentiments que le couvercle totalitaire avaient étouffé jusque là. La floraison de mouvements plus au moins néo-nazis en Allemagne de l’est rappelait cruellement à l’opinion publique que les Allemands de l’ex-RDA, par delà le propagande officielle qui prônait l’amitié entre les « peuples frères » et les vertus de l’internationalisme, en étaient restés, dans le domaine du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie en général, à des conceptions qui dataient au mieux de 1945, au pire de 1933. Cette question des migrations en Allemagne appui l’idée qu’il existe toujours une véritable frontière entre les deux anciennes Allemagnes autant au niveau économique que culturel. Dans ce cadre, c’’est l’Etat lui-même qui cherche à résoudre ce problème de frontière.
II°/ Des politiques d’homogénéisation.
De grands déséquilibres de départ sont présents en Allemagne, c’est un fait. Cependant, ce n’est pas une fatalité comme en témoigne les politiques d’homogénéisation qui sont mené dans différents secteurs. L’Etat intervient grandement dans l’économie et essaye d’opéré à une renaissance culturelle à l’est pour homogénéiser le pays. Les hommes et les femmes politiques cherchent aussi à unifié les institutions pour effacé définitivement les traces d’une frontière passé
1) L’intervention Etatique dans l’économie.
L’Etat Allemands et le premier acteur de rétablissement d’une égalité économique entre les deux Allemagne. Le rétablissement se fait sur le modèle de la RFA, des nouveaux Länders sont crées et l’économie de marché est implanté partout, comme expliqué lors du chapitre précédent. Les actions Etatiques sont surtout visibles dans l’article d’Hérodote, traitant du cas de Berlin, mais comme nous l’avons dit, Berlin est le reflet de l’Allemagne. Le but de l’Etat est de remettre à niveau l’économie de l’est sur un modèle capitaliste. Après la grande récession à l’est, la remonté économique s’effectue petit à petit, source de disparition, ou du moins atténuation, de la frontière entre ex-RDA et ex-RFA. L’Etat cherche en premier lieu à dynamiser Berlin, centre de la région, en la transformant en véritable chantier immobilier pour entreprises. L’Etat veut alors replacer Berlin, capitale du pays, dans le schéma économique Allemand. Cette politique de chantier pousse les entreprises Allemandes à venir installer leurs sièges sociaux (ou leur siège Allemand) à Berlin, tel est le cas de Mercedes-Benz ou encore Coca cola d’après le tableau 1 de l’article d’Hérodote. L’intervention de l’Etat est donc plus indirecte que directe, préférant dynamiser un secteur porteur que de légiférer pour le déplacement forcé d’entreprise, comme s’aurait pu être le cas en ex-RDA. De plus l’installation de ces entreprises crée des emplois à Berlin, pour garder le cas de Mercedes-Benz et de Coca cola, leur implantation crée respectivement 700 et 240 emploi, ce qui n’est tout de même pas négligeable. Berlin et sa région passe clairement dans une économie tertiaire, c’est d’ailleurs ce que désire l’Etat dans ces politique d’incitation de construction de bureaux. D’après le graphique 1 de l’article d’Hérodote, les secteurs du BTP et des services d’entretien sont en bonne santé économique, surtout grâce à l’intervention de l’Etat. Berlin en tant que « ville-centre » n’est pas la seule bénéficiaire de ces actions, toute la périphérie bénéficie de l’élan de Berlin. Nous pouvons même constater une véritable « suburbanisation » de l’emploi dans la région Berlinoise. Nous pouvons alors désigner le nouveau système économique implanté en ex-RDA, comme un système de « concentration décentralisé », c'est-à-dire que le dynamisme Etatique se concentre sur Berlin mais profite à toute sa périphérie large, donc une assez grande partie de l’ex-RDA. Outre ces travaux. Dès 1992, nous remarquons alors une embellie de l’économie est-allemande. Les investissements massifs injectés par le gouvernement de Bonn (capitale de l’ancienne RFA) vers l’est et les aides structurelles apportées par l’union européenne dans le cadre des politiques régionales ont été un facteur déterminant. Ces investissements ont amené progressivement l’appareil de production à un niveau concurrentiel international grâce à des restructurations et à la modernisation de l’industrie, entrainant parallèlement une certaine désindustrialisation, caractéristique des pays développés. Le redressement de l’ex-RDA ne passe pas seulement par l’économie, mais la culture joue aussi un rôle très important.
2) Un redressement par la culture.
Une fois de plus nous allons nous appuyé sur le cas de Berlin, et donc grâce à l’article d’Hérodote. Comme nous avons pu le constater, l’économie, tout restant tout de même un des points les plus faibles de l’ex-RDA, est en voie de redressement. Il y a cependant un point fort de l’ex-RDA, se situant dans le domaine de la culture. Berlin, est par extension, sa région, est un des berceaux du renouveau artistique européen, en témoigne la présence de 3 opéras ou encore celle de studios de cinéma. Ce redressement par la culture contribue grandement au renouveau économique de la zone est, générant des revenu important. S’établi alors, comme dans beaucoup de pays, une régionalisation des activités, l’ex-RDA se spécialise alors, entre autre, dans la culture. Ce dynamisme culturel s’inscrit dans le grand chantier Berlinois, pour preuve, beaucoup de studio de cinéma ou de mode sont construit dans les années 1990. En plus de cela, le « tourisme de chantier » est devenu un véritable phénomène de mode, source aussi d’élan économique. De manière même plus significative, c’est la parti est de la ville, donc anciennement inclus dans la RDA, qui est la plus attractive, c’est encore une frontière qui s’effondre, celle de la culture. Berlin reprend donc sa place de capitale politique et culturelle, telle qu’elle était en 1871 lors de l’unification Allemande. Berlin, se perçoit donc comme ville dynamique au centre d’une région en renouveau, dont son rayonnement culturel dépasse largement le cadre national. En fait, son paysage culturel est un des plus riches d’Europe. Il faut cependant signaler que toute l’ex-RDA ne bénéficie pas de cet élan, nous pouvons voir grâce au dossier de carte que l’éloignement géographique à Berlin nuit à un renouveau culturel et économique.
3) L’unification des institutions.
La disparition de la frontière entre l’Allemagne de l’ouest et de l’est passe, bien sur, par l’harmonisation des instituions, autant politique, qu’économique ou sociale. Profondément différentes, et s’intégrant chacune dans la lignée d’un des deux blocs, c’est sur le modèle de la RFA que l’Allemagne se réunifie. Il ne serait pas intéressant de décrire toute les institutions de l’ex-RDA et de l’ex-RFA, mais seulement celles qui se sont préservées après la réunification. Cette refonte institutionnelle prend de l’ampleur dans la seconde moitié de la décennie 1990 avec comme point d’orgue l’inauguration du reichstag, nouveau lieu d’exercice parlementaire du pouvoir, rénové par Norman Foster, ainsi que le déménagement effectif des grands ministères fédéraux, des rives Rhin à celles de la Spree, donc à Berlin. Dans cette perspective, les quartiers du Bund (institutions parlementaires et chancellerie), nouveau quartier gouvernemental au cœur de Berlin, sur les rives du Bund et à cheval sur l’ancienne partie est et ouest de la ville (voir carte de Berlin). Le pouvoir se dote alors d’une spatialité bien délimité et concentré dans l’espace. D’après l’article du courrier des pays de l’est, L’Allemagne a du réalisé une véritable unification économique dû aux différences de modèles (communistes et capitalistes) de l’Allemagne divisé. D’abord elle effectue une unification monétaire, dès le 1er juillet 1990, en élargissant à la RDA le deutschemark. Le deutschemark en RDA est perçu comme la première forme de réunification de l’Allemagne. Malgré une grande injection de monnaie dans l’économie de l’Allemagne de l’est, plus de 15 milliards de deutschemark, pour assurer la conversion, la Bundesbank pratique une politique de rigueur monétaire d’une rare intensité pour faire face à toute éventualité d’inflation. Ensuite, une des premières initiatives du gouvernement unifié est de proclamer des lois fondamentales nécessaires à une union délicate. La traduction de ses lois est cependant simple, en adhérant à la RFA, la RDA renonce à toute souveraineté, et autre ordres politiques et judiciaires antérieurs pour adopter purement et simplement les institutions de la RFA. D’un autre coté, territorialement, 5 nouveaux Länders sont crées en ex-RDA, Mecklembourg, Brandebourg, Saxe, Saxe-Anhalt, et Thuringe. Dès le 14 octobre 1990, des élections vont se dérouler en Allemagne réunifié, par Länders, calqué sur le modèle de la RFA. Ces deux grandes refontes institutionnelles montrent que la frontière entre L’ex-RFA et l’ex-RDA semble s’effacer. Concrètement, trois grands principes sont affirmés, la liberté et la démocratie ; les droits fondamentaux tels que la liberté individuelle, l’égalité devant la loi, ou d’autre droits sociaux comme l’assurance chômage ; et finalement le fédéralisme comme organisation du territoire. Au niveau législatif, deux assemblés fédérales coexistent, le Bundestag (assemblé nationale) et le Bundesrat (ministres des Länders). Au niveau de l’exécutif, c’est le chancelier qui en détient l’exclusivité au plan national, et qui est élu par les députés du Bundestag. A coté de lui se trouve le gouvernement composé de ministres et de secrétaires d’Etat, se portant à l’initiative des lois et devant les faire appliquer. Finalement, nous avons le président fédéral, chef de l’Etat mais aux fonctions très limités. Les institutions de l’ex-RDA et de l’ex-RFA on donc fusionnés, sous l’égide de celle de la RFA. La frontière institutionnelle à complètement disparue. Malgré cette disparition, de grandes divergences existent toujours entre l’est et l’ouest de l’Allemagne.
III°/ Une situation actuelle complexe et délicate.
L’homogénéisation de l’Allemagne est très limitée, en témoigne la situation actuelle. L’intégration économique de l’est, malgré un départ prometteur marque un net coup d’arrêt, ce qui s’accompagne évidemment par un niveau de vie qui n’arrive plus à croitre en Allemagne de l’est. Conséquence de ses deux constats, le paysage politique Allemand est marqué par une frontière idéologique est-ouest, symbolisant le renouveau de la nostalgie du communisme en ex-RDA.
1) L’intégration économique en suspend.
La plupart des solutions de réajustement économique mis en œuvre rencontrent de grosses limites dans les faits. Les deux articles écrits du courrier des pays de l’est et d’Hérodote en témoignent. Les entreprises qui installent leurs sièges sociaux (ou leur siège Allemand) à Berlin ne sont presque que des entreprises de seconde zones. Dans le même ordre d’idée, la faiblesse structurelle de Berlin pousse certaine entreprises à faire machine arrière dans leurs choix, tel est le cas de Sony qui ne s’implante finalement pas à Berlin. Il faut rajouter à cette non-attractivité, une véritable dépendance économique par rapport au reste de l’Allemagne, principalement face à ce qui constitue le cœur économique du pays, l’espace Rhénan et la Ruhr, sans oublier Francfort-sur-le-Main, Munich, et Stuttgart. De manière plus générale, se sont toutes les nouvelles entreprises de l’ex-RDA qui se placent sous la dépendance des zones économiquement active de l’économie. Le dynamisme promis par les investissements dans les nouveaux Länders reste vain (malgré le pacte de solidarité élaboré en 1995, instituant le principe de « priorité à l’est » dans les investissements nationaux), la croissance à du mal à décoller et la lourde désindustrialisation de l’ex-RDA ne fut pas forcement une solution au redressement de l’économie est-allemande, ce pourrait même être une des causes de son faible dynamisme. Les grands combinats de l’ex-RDA ont été démantelés, les subventions arrêtées, et aucune spécialisation ne s’est installée, la région se bornant à produire des biens de consommation à faible valeur ajoutée dans un pays ou la qualité de la main d’œuvre n’est plus à démontrer. La tertiarisation de l’économie n’est pas bénéficiaire à la région à cause de la faible liaison entre secondaire et tertiaire, la désorganisation du premier aboutissant à la faiblesse du second. Le redressement économique de Berlin se base sur les secteurs instables, c’est le cas du BTP, une fois les chantiers terminés, le secteur tombera en déclin, c’est une alchimie d’un rare danger pour l’économie est-allemande. Berlin, à l’image d’’une ex-RDA au relèvement économique lent, peut être qualifié de « métropole moyenne », pour reprendre le terme exact de l’article d’Hérodote. Une métropole en constante demande de fonds et d’aides gouvernementales pour se dresser comme, non seulement la capitale économique de l’Allemagne, mais aussi comme une métropole à influence internationale. Ce retard économique persistant est une des grandes causes des directions gouvernementales prisent lors de la réunification, l’Etat Allemand préférant favoriser les dimensions sociales et politiques, plutôt qu’économique. La faiblesse économique de l’ex-RDA par rapport au reste du pays témoigne du maintient d’une frontière économique entre les deux ex-Allemagne de l’est é de l’ouest. C’est d’ailleurs cette divergence économique qui amène à la lourde différence de niveau de vie au sein de l’Allemagne réunifié.
2) Une inquiétante différence de niveau de vie.
Après une période de baisse relative du chômage durant la 1ère moitié de la décennie 1990, le taux d’inactivité de la population active explose dans les Länders de l’est. Comme en témoigne les articles du courrier des pays de l’est et d’Hérodote, cette subite augmentation s’inscrit dans des raisons structurelles, tels que la fins de nombreux chantiers, à Berlin notamment. La répartition spatiale du chômage est visible grâce au dossier de carte, les 5 Länders de l’est sont en proie à des taux variant de 15% à 21% en janvier 2007, alors que le taux national est d’environ 10%, ce qui représente déjà une forte part d’inactivité. Cette répartition démontre de manière empirique le maintient de la frontière est-ouest de l’Allemagne. Pour n’approfondir toujours que l’exemple de Berlin grâce à l’article d’Hérodote, la ville compte 15,9% de chômeurs en 1999 et se chiffre connaît une légère augmentation ces dernières années, pour atteindre 25% dans certains quartier comme celui de Kreutzberg, reflet d’une véritable ségrégation socio-spatiale. Quant au land de Brandebourg, il accuse un taux de chômage de prés de 22,4 % en 1997, dû entre autre à la forte progression de l’émigration vers l’ouest. A coté de ces Länders, au fort chômage, les Länders de l’ouest se portent plutôt bien, l’espace de la Ruhr accuse un taux de chômage pouvant aller jusqu’en 15% en 2007 compte tenu de sa volonté de reconversion, alors que la région clef des quatre Länders du sud n’atteignent que rarement les 10% de chômages en 2007. Le fort chômage en Allemagne témoigne d’une lourde différence du niveau de vie entre l’est et l’ouest, et même lorsque le taux tend à se réduire, les « Ossis » (habitants de l’est) ont un salaire inférieur aux « Wessis » (habitants de l’ouest). Cette différence de niveau de vie se traduit par la divergence de la productivité PIB/emploi entre l’Allemagne de l’est et de l’ouest. Grâce au dossier de carte, nous voyons une véritable frontière entre l’est et l’ouest de l’Allemagne, la faiblesse compétitive de l’Allemagne de l’est handicap grandement les salaires et donc le niveau de vie des Allemands de l’est. Cette frontière correspond exactement à l’ancienne frontière RFA-RDA, une délimitation bien précise qui nous permet d’affirmer qu’il existe encore une frontière sociale entre l’ex-RFA et l’ex-RDA. Seul Berlin se démarque dans la région, surement grâce à son modeste renouveau économique. Bien entendu, la différence de niveau de vie de l’Allemagne réunifié est bien moindre de ce qu’elle était lorsque l’Allemagne était divisée, c’est la progression lente qui fait que l’on peut encore parler de frontière sociale. Ces différences entre l’est et l’ouest sont sources de contestations internes provenant des Länders de l’est. Outre les traditionnelles manifestations, ce mécontentement se distingue lors des élections.
3) Le paysage politique, vitrine de la frontière idéologique.
Le paysage politique diverge entre l’Allemagne de l’est et de l’ouest, et pour le prouver nous allons surtout nous appuyer sur le dossier de diagramme. Ce sont les plus récentes élections qui ont eu lieu en 2006, source très contemporaine qui nous permet d’affirmer que la frontière politique est encore présente même plus de 15 ans après la réunification Allemagne et l’adoption d’un modèle capitaliste. Dans la plupart des villes présentées, c’est le parti de la chancelière Angela Merckel, le CDU (parti démocrate chrétien) qui est en tête de scrutin comme à Dresde. Cependant elle ne constitue pas la seule force politique majeur, puisque le Linke, -------------héritier direct du parti communiste de la RDA, est aussi très présent et même en tête de scrutin comme Chemnitz. Cette importance du parti communiste et directement lié à la nostalgie de la RDA qui se développe en Allemagne de l’est. Un passé ressurgissant à cause de la mauvaise situation économique et sociale de la région. La frontière idéologique ne se situe pas seulement du coté gauche de l’échiquier politique puisque l’extrême droite jouit d’un poids considérable durant la décennie 2000. Plusieurs partis d’extrême droite sont présents dans ces villes comme les républikaners à Chemnitz qui représente tout de même 4 sièges dans l’échiquier politique. D’autre partis sont aussi présents comme le DVU se revendiquant ouvertement de l’idéologie nazi de Hitler, se sont donc les néo-nazi. Cette répartition atypique des forces politiques est inquiétante car aussi en vigueur au niveau des Länders eux-mêmes comme en témoigne notre dernier diagramme, même si le CDU d’Angela Merckel reste en tête il est suivi par le Linke et le NPD (parti d’extrême-droite historique de la RFA aujourd'hui présenté comme néo-nazi). La frontière politique et idéologique est d’autant plus remarquable lorsqu’on compare les résultats électoraux de l’est avec la composition du Bundestag. Le Linke ou les autres partis d’extrême droite n’y apparaissent pas grâce à la clause des 5%. Mis en vigueur dès 1953 en RFA, elle permet de limiter le nombre de partis et le morcellement politique au Bundestag, qui avait été fatal à la république de Weimar. La loi prévoit que seuls seront admis à siéger au Bundestag les partis ayant obtenus au moins 3 sièges directs (par le scrutin uninominal) ou au moins 5% des voix au niveau national. En 2006, le Bundestag est composé pour l’essentiel du CDU, parti de la chancelière allié avec le CSU (union chrétienne sociale), suivi du SPD (parti social démocrate), et de plus petits partis comme les verts ou le FDP (parti libéral). Malgré l’unification sur le modèle de la RFA, la présence communiste et xénophobe caractéristique de l’ancienne RDA subsiste en Allemagne de l’est. La frontière idéologique ne s’est donc toujours pas effacée.
L’histoire de l’Allemagne depuis la réunification est assez chaotique sous l’angle véritable de l’unification nationale. Entre rupture et continuité, la chute du mur de Berlin et la réunification ne résous pas les problèmes antérieurs. Cette période du début des années 1990 est marquée par un flagrant déséquilibre économique et des migrations révélatrices du déséquilibre entre l’ex-RFA et de l’ex-RDA à la réunification. Dans ces grands déséquilibres, Berlin apparaît comme un reflet de la situation de l’Allemagne. Pour résoudre ces problèmes, l’homogénéisation du pays est entamée par l’Etat qui intervient plus grandement dans l’économie. La culture devient une des priorités de redressement de l’Allemagne de l’est, secondé par une unification des institutions. Malgré tout cet effort Etatique, la situation actuelle est pour le moins délicate et inquiétante, au niveau économique notamment où l’intégration est en suspend. Le niveau de vie n’augmente plus à l’est et le paysage politique se perçoit comme une vitrine de la frontière idéologique.
Le terme de frontière est très vocatif dans la situation de l’Allemagne. L’ex-RDA et l’ex-RFA rencontrent des caractéristiques très différentes l’une de l’autre, et malgré la disparition effective de la frontière politique, une frontière économique, sociale, culturelle et idéologique subsiste encore en Allemagne. Malgré tous ces déséquilibres actuels l’Allemagne reste le 2nd exportateur et la 3ème puissance industrielle (devant la Chine) du monde. L’intégration de l’est reste une priorité de 1ère importance pour l’Allemagne qui est et qui cherche à conserver son statut de 1ère puissance économique Européenne, dans ce cadre, l’est de l’Allemagne serait un atout majeur. La voie de l’intégration totale de l’Allemagne de l’est est donc à prévoir pour les années à venir.