lundi 3 novembre 2008

RDA-RFA, une frontière qui subsiste

Rien de tel qu'un article d'histoire pour bien commencer la journée, je vous fait donc part de mes dernières recherches sur l'Allemagne.


Juger par vous même et n'hésitez pas à me reprendre lors d'erreurs de ma part, toute critique constructive est bonne à prendre.


Historien vous voila dans l'antre du savoir!


Le 9 novembre 1989, un des plus grands murs de tous les temps s’effondre, le mur de Berlin. Un mur vieux de presque 30 ans symbolisant la fracture de l’Europe entre monde capitaliste et communiste. Plus que la ville en elle-même, c’est l’Allemagne toute entière qui est séparé entre d’un coté la RFA, république fédérale d’Allemagne, dans le camp capitaliste, et la RDA, république démocratique d’Allemagne, dans le camp Communiste. La réunification de 1990 entre les deux Allemagnes marque le renouveau d’un destin commun de deux anciens pays aux modèles différent. Dans les textes, l’Allemagne est de nouveau unifié, cependant, dans les faits, la réalité est tout autre. En effet, une frontière existe encore entre l’ancienne RFA et l’ancienne RDA, plus au niveau institutionnelle mais à des niveaux plus succins comme l’économie ou encore la culture.
Notre corpus de document est assez diversifié avec un dossier de carte, un dossier de statistique, mais aussi deux extraits d’articles plus classiques. D’abord, l’extrait de l’article du courrier des pays de l’est, paru en novembre-décembre 2004, nous expose un retracé de l’histoire des deux Allemagnes de leur scission à leur réunification, d’où le nom de l’article, Fragmentation et recomposition. Allemagne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, URSS,. Nous ne retiendrons cependant que le cas de l’Allemagne, une reconstitution des évènements qui nous éclaire sur les antécédents de la réunification pour analyser la situation actuelle de l’Allemagne. Ensuite nous avons un extrait d’un article d’Hérodote paru en février 2001, traitant du sort de Berlin depuis la réunification, nous ne nous concentrerons que sur les aspects économiques et culturels. Le titre du document est significatif, Berlin, une capitale en attente, il traite alors d’aspects économiques, culturelles et géopolitiques nous permettant de mieux appréhender les réalités d’une capitale enclavé dans une zone (ancienne RDA), encore en retard dans différents domaines par rapport aux résultats nationaux. Nous croiserons ces documents écrits classiques avec des sources plus malléables,un dossier de cartes. Ces dernières nous permettent de s’imager les divergences internes du pays. Nous en avons alors retenus quatre qui retracent l’histoire de l’Allemagne, provenant de différentes sources, à savoir le bureau statistique fédéral et des Länders ou encore le bureau européen des statistiques (ou Eurostat), sans oublier les archives de la CGT et de l'université de Leibniz. Nous avons finalement dans notre corpus, un dossier statistique de diagrammes sur les élections municipales de villes dans le Land de Saxe se situant en ex-RDA, issu quant à lui des archives de l'université de Leibniz. Il nous permet de comprendre les différences idéologiques et politiques qui subsistent au sein d’un pays réunifié.
Grâce à ces différents documents et la mise en contexte élaboré plus haut, nous pouvons nous interroger sur l’Etat de l’Allemagne depuis la réunification. Nous pouvons résumer cette vague analyse en une seule question, en quoi la frontière entre l’ancienne RDA et l’ancienne RFA subsiste t’elle dans des formes non-institutionnelles, malgré la volonté d’unification nationale ?
Après avoir étudié la situation de départ de l’Allemagne réunifié aux différences flagrante, notamment au niveau politique, économique et migratoire ; nous verrons les tentatives d’homogénéisations entreprises par l’Etat, adoptant une stratégie interventionniste, de redressement par la culture et d’unification institutionnelles. Nous finirons par l’étude de la situation actuelle, caractérisé par une intégration économique limitée de l’est, une grande différence de niveau de vie et un paysage politique révélateur des idées politiques divergentes entre l’est et l’ouest.

I°/ Un constat de départ, des différences flagrantes.

L’Allemagne de l’ouest et de l’est possède de nombreux différents. Politique, économique ou culturel, autant de divergence qui laisse à pensé qu’il existe une véritable frontière entre les deux pays. Mais la réalité est toute autre puisque depuis 1990 l’Allemagne de fait plus qu’un ensemble politique unique. Ces divergences de départ prennent leur source dans des faits antérieurs à l’unification. Le déséquilibre économique est plus que flagrant et les migrations se multiplient au sein d’une Allemagne encore divisé par rapport à leur perception du fait migratoire.

1) Les antécédents de la réunification, une frontière politique.

Nous allons ici faire une histoire de l’Allemagne de sa scission à sa réunification, surtout à l’aide de l’article du courrier des pays de l’est, pour comprendre les origines des grandes différences de ce pays. Au départ, l’a frontière séparant les deux Allemagnes et une réalité politique. A l’issu de la seconde guerre mondiale, l’Allemagne est occupé par les 4 vainqueur à savoir les Etats-Unis, le Royaume-Uni, et la France d’un coté ; et l’Union Soviétique de l’autre. A l’image du pays, Berlin est aussi divisé entre ces 4 zones d’occupations comme nous le montre la carte n°3. L’unification des forces dites « capitaliste » fut rapide avec la fusion des zones Britanniques et Américaines dès juillet 1946. Une bizone transformée en trizone avec la fusion de la partie Française à la fin de l’année 1948. C’est alors qu’avec l’aide des occidentaux, un gouvernement ouest Allemand s’édifie, se proclamant république fédérale d’Allemagne, un Etat de droit. En réponse à cela, l’union soviétique transfigure son action en Europe de l’est sur le territoire Allemand et forme un gouvernement proclamant la république démocratique d’Allemagne, un Etat dans la lignée des démocraties populaire de l’Europe de l’est. La scission est effectuée, une véritable ligne politique s’installe au sein même d’une Allemagne ruinée par la guerre. Une ligne qu’aucune des deux Allemagnes ne veut effacer pour l’instant, malgré la possibilité d’échanges économique que leur fourni leur proximité géographique. Berlin, à son image, devient une sorte d’enclave occidentale en RDA, pour combattre l’avancée du communisme en Europe. Les crises s’enchainent en Europe et atteignent leur paroxysme avec la construction du mur de Berlin e 1961. L’Allemagne est encore terrain d’enjeu de la guerre froide. Ce « mur de la honte » met fin aux émigrations des Allemands de l’est vers l’ouest, fait migratoire encore d’actualité de nos jours. Dès 1969, le chancelier de la RFA, Willy Brandt cherche à effectuer le rapprochement avec la RDA, dans cette optique il multiplie les échanges économiques avec elle et la reconnaît en tant qu’Etat souverain, la formule à retenir est alors « deux Etats une Nation » (aussi présente dans l’article du courrier des pays de l’est). S’en suit le traité de 1972 qui normalise les relations entre les deux Allemagnes, 1ère genèse de réunification. L’apaisement provoquer par l’arrivé de Gorbatchev à la tête de l’Union Soviétique permet aux deux Allemagne d’exprimer plus clairement leur entente grâce à l’action de Kohl, 1er chancelier de la RFA. Au lendemain de la chute du mur de Berlin la réunification semble inéluctable, effective le 3 octobre 1990 sur demande même de la RDA, qui propose de se faire intégrer à la RFA. Cette unification laisse l’Allemagne en situation délicate, surtout sur le plan économique.
2) Un déséquilibre économique significatif.
Déjà, tout au long de la période dite de « division », les deux Allemagnes, il existait de grands déséquilibres économiques. Les échanges entre les deux Allemagne se faisaient dans un déséquilibre total, dominé grandement par la RFA, à l’heure de la réunification le constant est sans appel, la RFA est en avance économiquement sur la RDA. Cette avance dépend grandement du modèle adopté par la RFA, un modèle dynamique et d’initiatives dû au capitalisme. Malgré ce déséquilibre de départ la RFA veut effectuer l’unification de l’économie avec son ancien voisin, même si cela lui préjudiciable. Dans la réalité, c’est véritablement le modèle capitaliste qui est implanté en Allemagne de l’est, au dépend des travailleurs de cette zone. Avant la chute du mur de Berlin, l’Allemagne de l’est se présente comme la 10ème puissance industrielle du monde, il n’en est rien puisque son économie est au bord du gouffre. La RFA ayant surestimé les capacités de l’Allemagne de l’est, elle a fort à faire faire pour recréer un équilibre. D’après l’article du courrier des pays de l’est, l’Allemagne réunifié opère à une rigueur monétaire sans précédent pour rééquilibrer l’économie. L’ex-RDA, malgré les encouragements aux investissements étrangers, ne voit pas sa croissance décoller se qui a pour conséquence, entre autre, de créer un chômage de masse. Nous pouvons même aller plus loin est constater qu’au lendemain de la réunification beaucoup d’entreprises ferment, trop peu compétitives. Les usines y sont vétustes, source d’apparition d’une friche industrielle étendue. Tous les efforts de l’Allemagne réunifiée se tournent vers le rééquilibrage politique du pays. Pour preuve, prés de la moitié du PIB national est réinjecté dans les cinq nouveaux Länders de l’est. Ce grand gouffre économique se répercute aussi sur le niveau de vie (PIB/habitants), beaucoup plus faible en ex-RDA qu’en Allemagne de l’est. Ce déséquilibre est aussi une ligne de rétablissement fixé par le gouvernement Allemand. Un problème se pose cependant, les Allemands de l’est ne se rallient pas forcement au modèle occidental de l’économie de marché, se trouvant parfois dans des situations encore plus délicates de celle qu’ils ont connu sous l’égide du régime communiste. Malgré cette nuance, les migrations internes montrent grandement que l’Allemagne de l’ouest offre plus d’atout que l’Allemagne de l’est. Malgré ce retard de l’ex-RDA, l’Allemagne se sort plutôt bien de la crise mondiale du début des années 1990, les Allemands de l’est constituant un marché friand de consommation, dont ils ont été privés pendant longtemps. La frontière économique intérieure de l’Allemagne entre les deux anciens Etats n’est donc pas totalement poreuse.
3) Des migrations révélatrices.
Depuis le début de la séparation des deux Allemagne, les migrations Est-Ouest sont une réalité effective, comme nous le démontre l’article du courrier des pays de l’est, et dans de moindre mesure, celui d’Hérodote. C’est d’ailleurs pour éradiquer cette émigration que le mur de Berlin est construit. Le mur n’a en fait que limité l’émigration vers l’ouest qui reprend dès sa chute. Au lendemain de la destruction du mur, l’Allemagne de l’ouest voit arriver une immigration massive en provenance d’Allemagne de l’ouest. Ces immigrations sont bien entendu le résultat d’un niveau de vie trop bas et d’un régime politique autoritaire. Les espoirs de vie meilleure, placé dans le régime capitaliste de l’ouest sont aussi un des facteurs de la fuite vers l’ouest. Ce sont aussi ces migrations qui poussent les deux gouvernements à se réunifier, les habitants des deux Etats se sentant appartenir à un même peuple. Cette immigration pré-réunification est alors compréhensible, cependant cette dernière continue après la réunification, c’est donc une preuve qu’il existe encore une frontière, certes abstraite, mais effective sur le plan du niveau de vie et de l’économie. Les Allemands cherchent encore une vie meilleure en migrant vers l’ouest de l’Allemagne. Les migrations au sein de Berlin sont aussi une réalité, Berlin est en fait perçu comme une véritable image de l’Allemagne, les migrations ne dérogent donc pas à la règle. Ces migrations internes sont très défavorables à l’économie du pays puisqu’on cherche à remettre l’Allemagne de l’est, mais sans hommes, cela n’est pas possible. La conception de l’immigration est fondamentalement différente entre l’ouest et l’est, montrant une grande frontière culturelle sur ce point. L’attentat xénophobes, non isolé, sur un foyer d’immigrés Vietnamiens à Rostock en témoigne. Nous pouvons interpréter ces actes xénophobes comme une conséquence de la transition trop rapide d’un régime totalitaire qui, par la contrainte de la répression, avait pu masquer ces problèmes, à la démocratie et à la liberté, lesquelles avaient finalement permis l’expression des sentiments que le couvercle totalitaire avaient étouffé jusque là. La floraison de mouvements plus au moins néo-nazis en Allemagne de l’est rappelait cruellement à l’opinion publique que les Allemands de l’ex-RDA, par delà le propagande officielle qui prônait l’amitié entre les « peuples frères » et les vertus de l’internationalisme, en étaient restés, dans le domaine du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie en général, à des conceptions qui dataient au mieux de 1945, au pire de 1933. Cette question des migrations en Allemagne appui l’idée qu’il existe toujours une véritable frontière entre les deux anciennes Allemagnes autant au niveau économique que culturel. Dans ce cadre, c’’est l’Etat lui-même qui cherche à résoudre ce problème de frontière.
II°/ Des politiques d’homogénéisation.
De grands déséquilibres de départ sont présents en Allemagne, c’est un fait. Cependant, ce n’est pas une fatalité comme en témoigne les politiques d’homogénéisation qui sont mené dans différents secteurs. L’Etat intervient grandement dans l’économie et essaye d’opéré à une renaissance culturelle à l’est pour homogénéiser le pays. Les hommes et les femmes politiques cherchent aussi à unifié les institutions pour effacé définitivement les traces d’une frontière passé
1) L’intervention Etatique dans l’économie.
L’Etat Allemands et le premier acteur de rétablissement d’une égalité économique entre les deux Allemagne. Le rétablissement se fait sur le modèle de la RFA, des nouveaux Länders sont crées et l’économie de marché est implanté partout, comme expliqué lors du chapitre précédent. Les actions Etatiques sont surtout visibles dans l’article d’Hérodote, traitant du cas de Berlin, mais comme nous l’avons dit, Berlin est le reflet de l’Allemagne. Le but de l’Etat est de remettre à niveau l’économie de l’est sur un modèle capitaliste. Après la grande récession à l’est, la remonté économique s’effectue petit à petit, source de disparition, ou du moins atténuation, de la frontière entre ex-RDA et ex-RFA. L’Etat cherche en premier lieu à dynamiser Berlin, centre de la région, en la transformant en véritable chantier immobilier pour entreprises. L’Etat veut alors replacer Berlin, capitale du pays, dans le schéma économique Allemand. Cette politique de chantier pousse les entreprises Allemandes à venir installer leurs sièges sociaux (ou leur siège Allemand) à Berlin, tel est le cas de Mercedes-Benz ou encore Coca cola d’après le tableau 1 de l’article d’Hérodote. L’intervention de l’Etat est donc plus indirecte que directe, préférant dynamiser un secteur porteur que de légiférer pour le déplacement forcé d’entreprise, comme s’aurait pu être le cas en ex-RDA. De plus l’installation de ces entreprises crée des emplois à Berlin, pour garder le cas de Mercedes-Benz et de Coca cola, leur implantation crée respectivement 700 et 240 emploi, ce qui n’est tout de même pas négligeable. Berlin et sa région passe clairement dans une économie tertiaire, c’est d’ailleurs ce que désire l’Etat dans ces politique d’incitation de construction de bureaux. D’après le graphique 1 de l’article d’Hérodote, les secteurs du BTP et des services d’entretien sont en bonne santé économique, surtout grâce à l’intervention de l’Etat. Berlin en tant que « ville-centre » n’est pas la seule bénéficiaire de ces actions, toute la périphérie bénéficie de l’élan de Berlin. Nous pouvons même constater une véritable « suburbanisation » de l’emploi dans la région Berlinoise. Nous pouvons alors désigner le nouveau système économique implanté en ex-RDA, comme un système de « concentration décentralisé », c'est-à-dire que le dynamisme Etatique se concentre sur Berlin mais profite à toute sa périphérie large, donc une assez grande partie de l’ex-RDA. Outre ces travaux. Dès 1992, nous remarquons alors une embellie de l’économie est-allemande. Les investissements massifs injectés par le gouvernement de Bonn (capitale de l’ancienne RFA) vers l’est et les aides structurelles apportées par l’union européenne dans le cadre des politiques régionales ont été un facteur déterminant. Ces investissements ont amené progressivement l’appareil de production à un niveau concurrentiel international grâce à des restructurations et à la modernisation de l’industrie, entrainant parallèlement une certaine désindustrialisation, caractéristique des pays développés. Le redressement de l’ex-RDA ne passe pas seulement par l’économie, mais la culture joue aussi un rôle très important.
2) Un redressement par la culture.
Une fois de plus nous allons nous appuyé sur le cas de Berlin, et donc grâce à l’article d’Hérodote. Comme nous avons pu le constater, l’économie, tout restant tout de même un des points les plus faibles de l’ex-RDA, est en voie de redressement. Il y a cependant un point fort de l’ex-RDA, se situant dans le domaine de la culture. Berlin, est par extension, sa région, est un des berceaux du renouveau artistique européen, en témoigne la présence de 3 opéras ou encore celle de studios de cinéma. Ce redressement par la culture contribue grandement au renouveau économique de la zone est, générant des revenu important. S’établi alors, comme dans beaucoup de pays, une régionalisation des activités, l’ex-RDA se spécialise alors, entre autre, dans la culture. Ce dynamisme culturel s’inscrit dans le grand chantier Berlinois, pour preuve, beaucoup de studio de cinéma ou de mode sont construit dans les années 1990. En plus de cela, le « tourisme de chantier » est devenu un véritable phénomène de mode, source aussi d’élan économique. De manière même plus significative, c’est la parti est de la ville, donc anciennement inclus dans la RDA, qui est la plus attractive, c’est encore une frontière qui s’effondre, celle de la culture. Berlin reprend donc sa place de capitale politique et culturelle, telle qu’elle était en 1871 lors de l’unification Allemande. Berlin, se perçoit donc comme ville dynamique au centre d’une région en renouveau, dont son rayonnement culturel dépasse largement le cadre national. En fait, son paysage culturel est un des plus riches d’Europe. Il faut cependant signaler que toute l’ex-RDA ne bénéficie pas de cet élan, nous pouvons voir grâce au dossier de carte que l’éloignement géographique à Berlin nuit à un renouveau culturel et économique.
3) L’unification des institutions.
La disparition de la frontière entre l’Allemagne de l’ouest et de l’est passe, bien sur, par l’harmonisation des instituions, autant politique, qu’économique ou sociale. Profondément différentes, et s’intégrant chacune dans la lignée d’un des deux blocs, c’est sur le modèle de la RFA que l’Allemagne se réunifie. Il ne serait pas intéressant de décrire toute les institutions de l’ex-RDA et de l’ex-RFA, mais seulement celles qui se sont préservées après la réunification. Cette refonte institutionnelle prend de l’ampleur dans la seconde moitié de la décennie 1990 avec comme point d’orgue l’inauguration du reichstag, nouveau lieu d’exercice parlementaire du pouvoir, rénové par Norman Foster, ainsi que le déménagement effectif des grands ministères fédéraux, des rives Rhin à celles de la Spree, donc à Berlin. Dans cette perspective, les quartiers du Bund (institutions parlementaires et chancellerie), nouveau quartier gouvernemental au cœur de Berlin, sur les rives du Bund et à cheval sur l’ancienne partie est et ouest de la ville (voir carte de Berlin). Le pouvoir se dote alors d’une spatialité bien délimité et concentré dans l’espace. D’après l’article du courrier des pays de l’est, L’Allemagne a du réalisé une véritable unification économique dû aux différences de modèles (communistes et capitalistes) de l’Allemagne divisé. D’abord elle effectue une unification monétaire, dès le 1er juillet 1990, en élargissant à la RDA le deutschemark. Le deutschemark en RDA est perçu comme la première forme de réunification de l’Allemagne. Malgré une grande injection de monnaie dans l’économie de l’Allemagne de l’est, plus de 15 milliards de deutschemark, pour assurer la conversion, la Bundesbank pratique une politique de rigueur monétaire d’une rare intensité pour faire face à toute éventualité d’inflation. Ensuite, une des premières initiatives du gouvernement unifié est de proclamer des lois fondamentales nécessaires à une union délicate. La traduction de ses lois est cependant simple, en adhérant à la RFA, la RDA renonce à toute souveraineté, et autre ordres politiques et judiciaires antérieurs pour adopter purement et simplement les institutions de la RFA. D’un autre coté, territorialement, 5 nouveaux Länders sont crées en ex-RDA, Mecklembourg, Brandebourg, Saxe, Saxe-Anhalt, et Thuringe. Dès le 14 octobre 1990, des élections vont se dérouler en Allemagne réunifié, par Länders, calqué sur le modèle de la RFA. Ces deux grandes refontes institutionnelles montrent que la frontière entre L’ex-RFA et l’ex-RDA semble s’effacer. Concrètement, trois grands principes sont affirmés, la liberté et la démocratie ; les droits fondamentaux tels que la liberté individuelle, l’égalité devant la loi, ou d’autre droits sociaux comme l’assurance chômage ; et finalement le fédéralisme comme organisation du territoire. Au niveau législatif, deux assemblés fédérales coexistent, le Bundestag (assemblé nationale) et le Bundesrat (ministres des Länders). Au niveau de l’exécutif, c’est le chancelier qui en détient l’exclusivité au plan national, et qui est élu par les députés du Bundestag. A coté de lui se trouve le gouvernement composé de ministres et de secrétaires d’Etat, se portant à l’initiative des lois et devant les faire appliquer. Finalement, nous avons le président fédéral, chef de l’Etat mais aux fonctions très limités. Les institutions de l’ex-RDA et de l’ex-RFA on donc fusionnés, sous l’égide de celle de la RFA. La frontière institutionnelle à complètement disparue. Malgré cette disparition, de grandes divergences existent toujours entre l’est et l’ouest de l’Allemagne.
III°/ Une situation actuelle complexe et délicate.
L’homogénéisation de l’Allemagne est très limitée, en témoigne la situation actuelle. L’intégration économique de l’est, malgré un départ prometteur marque un net coup d’arrêt, ce qui s’accompagne évidemment par un niveau de vie qui n’arrive plus à croitre en Allemagne de l’est. Conséquence de ses deux constats, le paysage politique Allemand est marqué par une frontière idéologique est-ouest, symbolisant le renouveau de la nostalgie du communisme en ex-RDA.
1) L’intégration économique en suspend.
La plupart des solutions de réajustement économique mis en œuvre rencontrent de grosses limites dans les faits. Les deux articles écrits du courrier des pays de l’est et d’Hérodote en témoignent. Les entreprises qui installent leurs sièges sociaux (ou leur siège Allemand) à Berlin ne sont presque que des entreprises de seconde zones. Dans le même ordre d’idée, la faiblesse structurelle de Berlin pousse certaine entreprises à faire machine arrière dans leurs choix, tel est le cas de Sony qui ne s’implante finalement pas à Berlin. Il faut rajouter à cette non-attractivité, une véritable dépendance économique par rapport au reste de l’Allemagne, principalement face à ce qui constitue le cœur économique du pays, l’espace Rhénan et la Ruhr, sans oublier Francfort-sur-le-Main, Munich, et Stuttgart. De manière plus générale, se sont toutes les nouvelles entreprises de l’ex-RDA qui se placent sous la dépendance des zones économiquement active de l’économie. Le dynamisme promis par les investissements dans les nouveaux Länders reste vain (malgré le pacte de solidarité élaboré en 1995, instituant le principe de « priorité à l’est » dans les investissements nationaux), la croissance à du mal à décoller et la lourde désindustrialisation de l’ex-RDA ne fut pas forcement une solution au redressement de l’économie est-allemande, ce pourrait même être une des causes de son faible dynamisme. Les grands combinats de l’ex-RDA ont été démantelés, les subventions arrêtées, et aucune spécialisation ne s’est installée, la région se bornant à produire des biens de consommation à faible valeur ajoutée dans un pays ou la qualité de la main d’œuvre n’est plus à démontrer. La tertiarisation de l’économie n’est pas bénéficiaire à la région à cause de la faible liaison entre secondaire et tertiaire, la désorganisation du premier aboutissant à la faiblesse du second. Le redressement économique de Berlin se base sur les secteurs instables, c’est le cas du BTP, une fois les chantiers terminés, le secteur tombera en déclin, c’est une alchimie d’un rare danger pour l’économie est-allemande. Berlin, à l’image d’’une ex-RDA au relèvement économique lent, peut être qualifié de « métropole moyenne », pour reprendre le terme exact de l’article d’Hérodote. Une métropole en constante demande de fonds et d’aides gouvernementales pour se dresser comme, non seulement la capitale économique de l’Allemagne, mais aussi comme une métropole à influence internationale. Ce retard économique persistant est une des grandes causes des directions gouvernementales prisent lors de la réunification, l’Etat Allemand préférant favoriser les dimensions sociales et politiques, plutôt qu’économique. La faiblesse économique de l’ex-RDA par rapport au reste du pays témoigne du maintient d’une frontière économique entre les deux ex-Allemagne de l’est é de l’ouest. C’est d’ailleurs cette divergence économique qui amène à la lourde différence de niveau de vie au sein de l’Allemagne réunifié.
2) Une inquiétante différence de niveau de vie.
Après une période de baisse relative du chômage durant la 1ère moitié de la décennie 1990, le taux d’inactivité de la population active explose dans les Länders de l’est. Comme en témoigne les articles du courrier des pays de l’est et d’Hérodote, cette subite augmentation s’inscrit dans des raisons structurelles, tels que la fins de nombreux chantiers, à Berlin notamment. La répartition spatiale du chômage est visible grâce au dossier de carte, les 5 Länders de l’est sont en proie à des taux variant de 15% à 21% en janvier 2007, alors que le taux national est d’environ 10%, ce qui représente déjà une forte part d’inactivité. Cette répartition démontre de manière empirique le maintient de la frontière est-ouest de l’Allemagne. Pour n’approfondir toujours que l’exemple de Berlin grâce à l’article d’Hérodote, la ville compte 15,9% de chômeurs en 1999 et se chiffre connaît une légère augmentation ces dernières années, pour atteindre 25% dans certains quartier comme celui de Kreutzberg, reflet d’une véritable ségrégation socio-spatiale. Quant au land de Brandebourg, il accuse un taux de chômage de prés de 22,4 % en 1997, dû entre autre à la forte progression de l’émigration vers l’ouest. A coté de ces Länders, au fort chômage, les Länders de l’ouest se portent plutôt bien, l’espace de la Ruhr accuse un taux de chômage pouvant aller jusqu’en 15% en 2007 compte tenu de sa volonté de reconversion, alors que la région clef des quatre Länders du sud n’atteignent que rarement les 10% de chômages en 2007. Le fort chômage en Allemagne témoigne d’une lourde différence du niveau de vie entre l’est et l’ouest, et même lorsque le taux tend à se réduire, les « Ossis » (habitants de l’est) ont un salaire inférieur aux « Wessis » (habitants de l’ouest). Cette différence de niveau de vie se traduit par la divergence de la productivité PIB/emploi entre l’Allemagne de l’est et de l’ouest. Grâce au dossier de carte, nous voyons une véritable frontière entre l’est et l’ouest de l’Allemagne, la faiblesse compétitive de l’Allemagne de l’est handicap grandement les salaires et donc le niveau de vie des Allemands de l’est. Cette frontière correspond exactement à l’ancienne frontière RFA-RDA, une délimitation bien précise qui nous permet d’affirmer qu’il existe encore une frontière sociale entre l’ex-RFA et l’ex-RDA. Seul Berlin se démarque dans la région, surement grâce à son modeste renouveau économique. Bien entendu, la différence de niveau de vie de l’Allemagne réunifié est bien moindre de ce qu’elle était lorsque l’Allemagne était divisée, c’est la progression lente qui fait que l’on peut encore parler de frontière sociale. Ces différences entre l’est et l’ouest sont sources de contestations internes provenant des Länders de l’est. Outre les traditionnelles manifestations, ce mécontentement se distingue lors des élections.
3) Le paysage politique, vitrine de la frontière idéologique.
Le paysage politique diverge entre l’Allemagne de l’est et de l’ouest, et pour le prouver nous allons surtout nous appuyer sur le dossier de diagramme. Ce sont les plus récentes élections qui ont eu lieu en 2006, source très contemporaine qui nous permet d’affirmer que la frontière politique est encore présente même plus de 15 ans après la réunification Allemagne et l’adoption d’un modèle capitaliste. Dans la plupart des villes présentées, c’est le parti de la chancelière Angela Merckel, le CDU (parti démocrate chrétien) qui est en tête de scrutin comme à Dresde. Cependant elle ne constitue pas la seule force politique majeur, puisque le Linke, -------------héritier direct du parti communiste de la RDA, est aussi très présent et même en tête de scrutin comme Chemnitz. Cette importance du parti communiste et directement lié à la nostalgie de la RDA qui se développe en Allemagne de l’est. Un passé ressurgissant à cause de la mauvaise situation économique et sociale de la région. La frontière idéologique ne se situe pas seulement du coté gauche de l’échiquier politique puisque l’extrême droite jouit d’un poids considérable durant la décennie 2000. Plusieurs partis d’extrême droite sont présents dans ces villes comme les républikaners à Chemnitz qui représente tout de même 4 sièges dans l’échiquier politique. D’autre partis sont aussi présents comme le DVU se revendiquant ouvertement de l’idéologie nazi de Hitler, se sont donc les néo-nazi. Cette répartition atypique des forces politiques est inquiétante car aussi en vigueur au niveau des Länders eux-mêmes comme en témoigne notre dernier diagramme, même si le CDU d’Angela Merckel reste en tête il est suivi par le Linke et le NPD (parti d’extrême-droite historique de la RFA aujourd'hui présenté comme néo-nazi). La frontière politique et idéologique est d’autant plus remarquable lorsqu’on compare les résultats électoraux de l’est avec la composition du Bundestag. Le Linke ou les autres partis d’extrême droite n’y apparaissent pas grâce à la clause des 5%. Mis en vigueur dès 1953 en RFA, elle permet de limiter le nombre de partis et le morcellement politique au Bundestag, qui avait été fatal à la république de Weimar. La loi prévoit que seuls seront admis à siéger au Bundestag les partis ayant obtenus au moins 3 sièges directs (par le scrutin uninominal) ou au moins 5% des voix au niveau national. En 2006, le Bundestag est composé pour l’essentiel du CDU, parti de la chancelière allié avec le CSU (union chrétienne sociale), suivi du SPD (parti social démocrate), et de plus petits partis comme les verts ou le FDP (parti libéral). Malgré l’unification sur le modèle de la RFA, la présence communiste et xénophobe caractéristique de l’ancienne RDA subsiste en Allemagne de l’est. La frontière idéologique ne s’est donc toujours pas effacée.
L’histoire de l’Allemagne depuis la réunification est assez chaotique sous l’angle véritable de l’unification nationale. Entre rupture et continuité, la chute du mur de Berlin et la réunification ne résous pas les problèmes antérieurs. Cette période du début des années 1990 est marquée par un flagrant déséquilibre économique et des migrations révélatrices du déséquilibre entre l’ex-RFA et de l’ex-RDA à la réunification. Dans ces grands déséquilibres, Berlin apparaît comme un reflet de la situation de l’Allemagne. Pour résoudre ces problèmes, l’homogénéisation du pays est entamée par l’Etat qui intervient plus grandement dans l’économie. La culture devient une des priorités de redressement de l’Allemagne de l’est, secondé par une unification des institutions. Malgré tout cet effort Etatique, la situation actuelle est pour le moins délicate et inquiétante, au niveau économique notamment où l’intégration est en suspend. Le niveau de vie n’augmente plus à l’est et le paysage politique se perçoit comme une vitrine de la frontière idéologique.
Le terme de frontière est très vocatif dans la situation de l’Allemagne. L’ex-RDA et l’ex-RFA rencontrent des caractéristiques très différentes l’une de l’autre, et malgré la disparition effective de la frontière politique, une frontière économique, sociale, culturelle et idéologique subsiste encore en Allemagne. Malgré tous ces déséquilibres actuels l’Allemagne reste le 2nd exportateur et la 3ème puissance industrielle (devant la Chine) du monde. L’intégration de l’est reste une priorité de 1ère importance pour l’Allemagne qui est et qui cherche à conserver son statut de 1ère puissance économique Européenne, dans ce cadre, l’est de l’Allemagne serait un atout majeur. La voie de l’intégration totale de l’Allemagne de l’est est donc à prévoir pour les années à venir.

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