lundi 9 mars 2009

Le BCRA, les services spéciaux de la France libre


Que les Historiens de pacotilles s'effacent!!!

La grande période de la seconde guerre mondiale va se construire entre ces lignes.

La résistance, une phase, bien que traitée en abondance, demeure encore et toujours obscurci par des problèmes de sources.

Un bref rappel de la résistance Londonienne est donc de mise pour comprendre, ne serait-ce qu'1/5 de la vérité!

Ami lecteurs, régalez vous.



Le BCRA, les services spéciaux de la France libre


En 1946, le colonel Passy, fondateur et chef des services spéciaux de la France libre, se retrouva au cœur d’un vaste scandale. Le général de Gaulle, convaincu que les attaques dirigées contre son ancien subordonné visaient en réalité à le déstabiliser, se refusa néanmoins à intervenir publiquement en sa faveur. En privé, il n’en affirma pas moins lui conserver toute son estime, au motif qu’il lui devait « l’organisation et la mise en place de l’ensemble des réseaux de renseignement de la France Libre ». Le propos souligne l’importance qu’avait revêtu pour le chef de la France libre, tout au long de la guerre, le travail du Bureau central de renseignement et d’action (BCRA) en matière de renseignement. En matière de renseignement, mais aussi d’action, comme son nom peut l’indiquer. Un organe à l’origine, notamment, d’opérations militaire dans l’empire colonial, et en métropole même. Le BCRA représente alors le combat de la France libre de juillet 1940 jusqu'à la libération, pour reconquérir la métropole et rétablir un modèle démocratique, sous l’égide du général de Gaule. Une constante dans les objectifs de De Gaule et de ses accolites, définissant les interventions du BCRA. Des interventions plus ou moins durable et efficaces selon le contexte dans lequel elles se situent. Le BCRA comporte s'engage dans une double direction, d'abord il représente un organe d'action et de renseignement utilisable par les alliés, mais aussi un organe d'intervention en zone libre et en zone occupé, se faisant connaître par sa propagande et ses interventions. C’est cependant son coté renseignement, à travers la section R, qui recueilli les plus grands succès. Ces résultats confèrent au BCRA une grande place au sein de la France libre, et constituent un des atouts dont le général De Gaulle estimait pouvoir jouer dans ses tumultueuses relations avec les alliés (RU surtout).Cette grande place ne s’est pas acquise sans effort et sans difficiles évolutions et reconnaissance. Nous allons alors nous demander tout au long de cet exposé, quelles sont les évolutions marquante du BCRA qui l’amène à être accepté comme l’organe de résistance le plus importants de la France Londonienne (France libre basée à Londres) ?Pour répondre au mieux à cette interrogation, nous allons diviser notre analyse en trois parties distinctes, dotées d'une chronologie souple. Après avoir étudier la création du BCRA à travers celle du second bureaux, ces changements de nom, et ses rapports difficiles avec les Anglais; Nous nous attarderons sur son action en France libre de part la section R, les autres sections, et l'importance des réseaux. Nous finirons cette exposé en se focalisant sur la marche vers la reconquête dès 1943, avec une coopération avec les Alliés, les critique auxquelles le BCRA doit faire face, et la priorité au débarquement et à la « libération nationale » (De Gaulle).


I°/ Le BCRA, un création difficile et un développement tumultueux


1) Du « second bureau de L'Etat major », jusqu'au « service de renseignements »


En juillet 1940, après la défaite des armées françaises, les Allemands sont maîtres des côtes françaises de l'Espagne à la Belgique. Dans le but de contrer un éventuel débarquement en Angleterre, Churchill demande à l'Intelligence Service de mettre sur pied avec le général de Gaulle un réseau de renseignements composé d'hommes de la France libre. Son but premier est d'informer Londres des manœuvres militaires allemandes tout au long des côtes Atlantique et de la Manche. Le 2ème Bureau de l'Etat-major du général De Gaulle est alors crée le 1er juillet 1940, dirigé par le capitaine André Dewavrin, alias Passy - véritable homme de confiance de De Gaulle, et possedant une assez bonne expérience militaire - dans la précipitation et sous l'impulsion Anglaise. Il se cantonne initiallement à la recherche de rensiegnement en liasion avec l'intelligence service (IS). Ce second bureau définissait les renseignements recherchés, choisissait les agents qu’il actionnait et rédigeait les synthèses destinées au commandement. En dépit des réticences du général De Gaulle, Passy et ses hommes envisagent, en outre, dès juillet 1940, d'entrependre une action paramilitaire en métropole. C'est dans cette vision de reconquête du territoire métropolitain que passy et ses hommes vont agir tout au long de leur action. Les premières missions partent dès l'automne 1940 et le premier agent remarqué, Jacques Mansion, déposé le 20 juillet sur les cotes du Cotentin, regagna Londres par ces propres moyens au début du mois de septembre, avec des cartes assez complètes du dispositif ennemi. Les missions suivantes sont celles de Maurice Duclos (St Jacques), Gilbert Renaud (Rémy), et Pierre Fourcaud. Elle débouche notamment sur la création des premiers réseaux de la France libre, entités que nous allons détailler plus tard. Avec l'aide Anglaise et celle de certains services ou certains hommes de Vichy, les premiers postes clandestins émettent dès l'année 1940. Cette volonté de Passy, l'amène à nouer des liens avec le special operation executive, des contacts qui aboutissent à un accord en juin 1941. Cette direction vers le paramilitaire n'écarte pas le second bureau de sa vocation d'origine, le renseignement. De ce fait, il prend le nom de SR, « service de renseignements » le 15 avril 1941, même si cette dénomination est officieusement utilisée dès juillet 1940, dont le chef reste le colonel Passy. Dès le départ, la structure est dominé par des officiers devenus prestigieux par leurs actions, comme Passy, le chef incontesté. D'autres officiers jouent un rôle important mais plus limités, à l'image de Jacques Bingen, de Louis Vallon, ou de Raymond Lagier. Le SR est donc un véritable organe de la France libre est petit à petit se densifie pour devenir le BCRA en tant que tel.

2) Du “ bureau central de renseignements et d’action militaire”, à l’unification sous la “direction générale des services secrets”


En 1941 et 1942, le SR de la France libre élargit progressivement le spectre de ses activités, ce que traduisit l’évolution de son nom, officialisé le 22 janvier 1942, où il fut renommé “Bureau central de renseignement et d’action militaire” (BCRAM). L’organisation, dont la structure ressemble à s’y méprendre à celle de l’armée, et est placée sous une double autorité, d’abord celle de l’état-major, alors dirigé par Pierre Billotte, et ensuite celle du commissariat national de l’intérieur (CNI), à la tête duquel se trouve André Philip. Une orientation qui donne la primauté à une action militaire, qui est d’ailleurs vite abandonné six mois plus tard par le remplacement du BCRAM, par le BCRA,”bureau central de renseignement et d’action”. le BCRA se constitue alors comme une entité centralisée, chargée non seulement des activités de renseignement, mais de toutes les activités clandestines menées en France pour le compte de la France libre. Il s’intègre aussi parfaitement dans les institution de la France libre, est représente même un poids très important. Pour un souci de clarté, nous allons tout au long de l’exposé utilisé le terme de BCRA pour désigné cette entité, mais sont évolution ne s’arrête pas là. En effet , après le débarquement des alliés en Afrique du nord en novembre 1942, suivi de l’invasion de la zone libre de la France par les Allemands, conduit des agents du renseignement de présents dans la France de Vichy à se réfugier à Alger. Il s’impose alors une rivalité entre le général De Gaulle et le général Giraud, venu de la zone libre. Cette rivalité amené à une dualité dans les services de renseignements, d’un coté nous avons le “Bureau de renseignement et d’action de Londres” (BRAL), dans la lignée du BCRA, toujours dirigé par le colonel Passy; Et d’un autre coté, nous avons le “Bureau de renseignement et d’action d’Alger” (BRAA), diriger lui par le colonel Louis Rivet et le commandant Paul Paillole, tout deux des Giraudistes. Malgré cette dualité, l’action du BCRA ne se fait que grandissante, une supériorité qui pousse le BRAA à accepté une unification en octobre 1943, une unification qui ne devient réellement effective qu'à partir d'avril 1944. Cet ensemble unifié prend le nom de “direction générale des services secrets” (DGSS), dont la direction est confié à Jacques Soustelle, ancien commissaire à l’information et ethnologue réputé, qui dirigeait déjà, au coté du colonel Passy, le BCRA depuis Alger. La plupart des postes clés sont cependant aux mains des Gaullistes, et Passy garde un rôle très important au sein de cette organisation. Cette unification marque profondément les institutions de la France libre est accélère l’évolution de l’entité vers un service de renseignement massif, et des actions plus élaborées aux cotés des alliés. Des alliés d’ailleurs, qui ne se sont pas toujours montrés coopératif pour aider le BCRA dans ses débuts, à l’image de l’Angleterre.

3) Le paradoxes des relations avec les Anglais


Comme nous avons pu le voir précédemment, la création du BCRA répond, bien sur à un objectif de reconquête du territoire métropolitain par De Gaulle, mais aussi et surtout, à un impératif des Anglais à se renseigner sur la France de Vichy, pour lutter face aux Allemands. Paradoxalement, les Anglais ne prêtent pas forcement main forte à l’oeuvre de De Gaulle. En effet, le BCRA noua très tôt des relations avec l’Intelligence Service, dirigé alors par Stewart Menzies et son adjoint, Claude Dansey. Faute de documents d’époque, il est difficile de savoir sur quelles bases les deux partenaires parvinrent à un accord. D’après Passy, les négociations s’engagèrent entre deux partenaires également dépendants l’un de l’autre, ce qui lui aurait permis de parler d’égal à égal avec ses homologues britanniques. D’un côté, nous avons les Anglais qui avaient un besoin vital d’être renseignés sur les préparatifs allemands en vue d’un débarquement, qui disposaient, à le suivre, de tous les moyens matériels indispensables (argent, postes radio, moyens de transport); D’un autre coté, nous avons la France libre, un « réservoir d’hommes » prêts à « retourner dans leur propre pays afin d’y observer l’ennemi, son dispositif et ses déplacements » (Passy). De fait, l’IS avait été surpris par l’avancée rapide des Allemands et avait rapatrié tous ses agents qui se trouvaient en France. Or, il fut soumis à une forte pression de la part de Churchill, qui s’impatientait « de ne rien savoir des intentions de l’ennemi et de ce qu’il préparait le long des côtes de France ». L’IS fut donc bel et bien obligé de s’appuyer sur les services des gouvernements en exil à Londres pour tenter de reprendre pied sur le continent. Une collaboration avec le BCRA de Passy lui permettait de disposer immédiatement d’un certain nombre d’agents capables de se fondre dans la société Française. L’idée d’un face à face entre deux partenaires égaux qui aurait abouti à un accord conclu aux conditions de Passy n’en demeure pas moins en contradiction avec tout ce que l’on peut savoir par ailleurs. D’une part, Passy éprouva le besoin, quelques mois plus tard, de réviser cet accord, qui ne devait donc pas être si satisfaisant, afin de le rendre plus conforme aux principes édictés par le général de Gaulle, sourcilleux en matière de respect de la souveraineté française. D’autre part, l’étude de la manière dont se nouèrent les relations entre l’IS et les services secrets du puissant allié américain montre à quel point l’IS refusait avec intransigeance le principe même d’une coopération sur une base égalitaire avec ses partenaires. Enfin, les bases sur lesquelles s’établirent les relations entre le BCRA et le service britannique dédié à l’action subversive, le SOE, offrent une illustration de la conception profondément inégalitaire que les responsables des services britanniques se faisaient de leur collaboration avec leurs homologues de la France libre. Les responsables de l’IS créèrent une section chargée de travailler en France, pour éviter de passer par le BCRA. Les dirigeants de l’IS ne voulaient toutefois pas négliger les opportunités que la France libre représentait en matière de renseignement.

II°/ Un pied en France libre, ou l’organisation complexe du BCRA


1)La section R ou la priorité au renseignement

la section de renseignement (section R) et l’un des organes, voir l'organe essentiel du BCRA. Dans ce domaine, le colonel Passy, fondateur et chef du BCRA, s’appuya longtemps sur André Manuel, dit « Pallas », un homme droit, ferme mais porté à la discussion et qui avait l’habitude de traiter avec les Anglais. Au cours de l’été 1942, Manuel laissa la tête de la section R à son adjoint, Tony Mella, un artiste franco-britannique qui s'entoura de son adjoint Stéphane Hessel, terminant sa formation d’observateur dans l’aviation. En septembre 1943, Mella dut céder la place à un officier plus gradé que lui, Jean Fleury, alias Panier, qui avait créé en France un très efficace réseau de transmissions, le réseau Électre. Enfin, quelques semaines avant le débarquement, Panier fut remplacé par le dessinateur Roger Chancel, alias Chavaignac, ancien chef du réseau Phratrie. Au niveau de son organisation, La section R constituait un service complet: elle prenait en charge les agents, de leur recrutement jusqu’à leur départ en mission, assurant notamment leur envoi en stage dans les écoles britanniques; elle administrait les réseaux de renseignement et organisait les opérations aériennes et maritimes avec les services britanniques; enfin, elle assurait la réception des courriers, leur transmission aux sections chargées de leur diffusion et la préparation des courriers destinés aux agents sur le terrain. La section R, recueillant l’essentiel des informations, se chargea logiquement, de les classer, de les découper et de les ficher, puis de diffuser le résultat de son travail. Elle perfectionna un triple classement, chronologique, géographique et thématique, de tous les renseignements parvenus à sa connaissance. Cette section dédié au renseignement fut tellement importante, que les Anglais, après la guerre, livrent que le BCRA a fourni plus de 80% des informations relatives à la préparation du Jour J. Les modes de transfert d'information sont nombreux. Aux parachutages et débarquements d'agents clandestins des premiers mois, s'ajoutent, dès la fin de 1941, des liaisons assurées par les Lysanders, petits avions de la Royal Air Force, et plus tard, par des bombardiers Hudson. Sur les dix-neuf opérations organisées pour le BCRA au second semestre de 1942, une seule réussira. Les transmission par radio sont très dangereuses, seul 1/5 réussirent durant toute la période. Dès 1942, la diffusion des renseignements fut progressivement prise en charge par d’autres sections que la section R. En 1943, la croissance considérable du volume de renseignements reçus de France obligea à imaginer un nouveau dispositif. Rémy, l’un des principaux agents de renseignement du service, dénonça « la lenteur exagérée apportée au dépouillement, à la diffusion et à l’utilisation des courriers » que les réseaux de renseignement fournissaient au prix « de sacrifices et d’efforts héroïques ». C'est d'ailleurs par ses interventions que de nouvelles sections furent crées, assez nombreuses par ailleurs.


2) L'organisation complexe en sections


Compte tenu de l'élargissement progressif des compétences du BCRA, les sections se sont multipliés au sein de ce dernier. Une section action est officiellement crée en octobre 1941,d'une durée de vie courte puisque scindé en deux dès mars 1942 entre une section « mission » (A/M), , dirigée par le capitaine Raymond Lagier « Bienvenüe » et Fred Scamaroni, chargés de la mise au point, avec le 5e bureau de l'état-major, du plan d'action militaire, du recrutement et de la préparation des agents "action", de la recherche d'objectifs militaires à détruire, de l'organisation des liaisons avec les agents en mission et des opérations d'atterrissage et de parachutage; elle travaille en liaison avec la section RF du Special Operations Executive SOE ;et une section « d'études » (A/EC) assez obscure dans les sources. L'objectif de la scission est double, il faut d'une part,favoriser la création d'une armée secrète (AS), et d'autre part, élaborer et mettre en œuvre des plans de destruction visant à entraver les action de l'ennemi. Dans ces temps, une autre section voit le jour, celle du « contre-espionnage » (CE), créée le 16 décembre 1941, et dirigée par Roger Warin (dit Roger Wybot) et Stanislas Mangin, puis par le commandant Bonnefous à partir de 1943. Cette section est destinée à détecter et à éliminer les agents ennemis infiltrés dans les dispositifs de renseignement de la Résistance, en France et à Londres. À cette fin, cette section est chargée du fichier central, de l'interrogatoire préliminaire des arrivants, de la centralisation des renseignements sur les individus et des liaisons avec le Security Service britannique. Depuis la création du BCRAM, une nouvelle section plus politique apparaît, plus politique, baptisée « non-militaire » (NM). Créée en août 1942 et dirigée par Jacques Bingen, Jean Pierre-Bloch et Louis Vallon, cette section est chargée du classement des informations non militaires recueillies par le service de renseignements (R) et par les agents "action" (A/M), de la transmission des informations au Commissariat à l'intérieur; et, en retour, de la préparation, conformément aux directives du Commissaire à l'intérieur, des instructions de nature politique à adresser aux agents des réseaux en France, instructions codées par le service du chiffre et envoyées aux agents en France par la section A/M. Une autre section, marginale mais tout aussi important est crée en février 1942 et dirigée par le lieutenant Mitchell. Elle est chargée de faire transiter les évadés ou d'évacuer les Français « brûlés », c'est à dire que leur couverture à disparu et que l'ennemi les a repéré, en liaison avec son homologue britannique MI9. Le développement en section du BCRA montre sa volonté d'agir au mieux dans le but d'une reconquête du territoire métropolitain. A coté de ses sections, et toujours dans le même but, les réseaux, des branches du BCRA en France en quelques sortes, se développent et apporte une aide considérable dans l'œuvre de reconquête de De Gaulle.

3) L'importance des réseaux de la France métropolitaine


Dès 1940-1941, le service de Passy s’appuya sur les réseaux mis sur pied par Rémy, Maurice Duclos (« Saint-Jacques ») en zone occupée et Pierre Fourcaud (« Lucas ») en zone non occupée, les premiers envoyées en mission en France libre. Dans ses réseaux, les pertes furent souvent lourdes, à cause de l'inexpérience des recrues. C'est d'ailleurs pour cela que le réseau du commandant d’Estienne d’Orves fut démantelé début 1941, à la suite de la trahison de son radio. Au cours de l’été 1941, alors que les services londoniens prenaient conscience de cette catastrophe, les réseaux de Saint-Jacques et de Fourcaud furent à leur tour démantelés. La Confrérie-Notre-Dame (CND) de Rémy, crée dès début 1941, et qui s’étendait sur toute la zone occupée, devint alors le pivot de l’organisation en France. Certains de ses informateurs, notamment sur les côtes, étaient particulièrement précieux, comme Philippon (Hilarion). À son apogée, la CND comptaient sans doute 2 000 agents. D’autres réseaux importants virent le jour et certaines branches du réseau de Fourcaud survécurent à son arrestation et donnèrent naissance à de nouveaux réseaux, tels que celui de Maurice Andlauer (Antoine, Ali) et celui d’André Boyer (Brutus), bien implanté dans les milieux socialistes. En 1942, le BCRA chargea Christian Pineau, le chef du mouvement Libération-Nord (une organisation de résistance intérieur), d’en constituer deux, Phalanx et Cohors, en s’appuyant sur les milieux syndicalistes. Jacques Robert, mit sur pied en zone sud le réseau Phratrie, qui devint l’un des réseaux les plus importants du BCRA au coté de celui de la CND. Ces sections représentent alors un fort lien avec la résistance intérieur à la France, que les services de De Gaulle cherchent à unifier. Dans ce cadre, le BCRA jouent un grands rôle puisque des hommes y sont envoyés pour réorganiser les résistances locale, entre novembre 1942 et avril 1943. En zone sud, André Manuel « Pallas » soutient Jean Moulin,et en zone nord, c'est Passy qui mène la plus grosse action. L'année 1943 vit l’utilisation plus rationnelle des opportunités que les mouvements de résistance présentaient en matière de renseignement. En Zone sud, Henri Gorce (« Franklin ») fut chargé de monter le réseau Gallia pour centraliser les renseignements fournis par les mouvements. En Zone nord, sous l’impulsion de Passy et Brossolette, déjà en mission, chaque mouvement donna naissance à un réseau : Centurie pour l’OCM, Manipule pour Ceux de la Résistance, Turma pour Ceux de la Libération, etc... Cette multiplication des réseaux et leur ramification en sous-réseaux permettent au BCRA de garder une place importante au niveau du renseignement, au moment où la confrérie-notre-dame de Remy fut démantelé. Toutefois, deux branches issues de ce réseau s’affirmèrent de nouveau au printemps 1944 (Andalousie et Castille). Les réseaux Cohors, Phalanx, Phratrie, Brutus ou Gallia continuèrent à envoyer de précieux renseignements à Londres. Ces réseaux participent au revirement militaire du BCRA dès l'année 1943.

III°/ Le BCRA dans la marche vers la reconquête, le tournant de 1943


1) L’handicap des critiques alliés


Les principales critiques se dirigent vers le colonel Passy, responsable à 32 ans du BCRA, et passant pour titulaire de pouvoirs aussi exorbitants que mystérieux. On lui fit même une réputation de fasciste sous prétexte que lui-même et ses amis, et pour les agents opérant en France, des pseudonymes tirés de stations de métro, à l’instar de la cagoule avant la guerre. Contrairement à ce qui est dit, Passy reste assez loin du domaine politique. Il faut aussi garder à l’idée le fait que, à Vichy comme à Londres, les responsables du BCRA, et plus généralement ceux de la France libre, sont issu du milieu parlementaire Français de la fin de la 3ème république, et ces derniers sont assimilés à la défaite de 1940. Ce discrédit empêche les BCRA d’intervenir véritablement dans les opérations alliés, pour preuve. Un BCRA qui capte de plus en plus de prérogative au fur est à mesure du temps. Ces dernières reposent sur le fait que le BCRA, loin de n’être qu’un instrument de liaison technique, est également un puissant instrument politique. Certains dénoncent la propension du service à se faire maître de sa propre politique, éventuellement qualifié de fasciste, par Roosvelt notamment, mais aussi au sein de la France libre. Cette idée, reprise plus tard par les anti-Gaullistes Français et alliés, vise à dénoncer le “BCRA-Gestapo” dont ne peut manquer de se doter un apprenti dictateur. De ce fait, le BCRA est perçu comme un instrument au service de la politique Gaullienne tant vis-à-vis des alliés que vis-à-vis des mouvements de résistance. Sans forcement y éveiller de l’intérêt, le général De Gaulle veille quand même à en garder le contrôle. Il tente d’ailleurs, mais sans succès, de faire de ce service et de son potentiel en renseignement, un moyen de pression sur les alliés pour que soit reconnue sa pleine souveraineté sur les Français combattant sur le territoire métropolitain. Des critiques sur ses prérogatives et ses orientations empêchent le BCRA d’intervenir pleinement dans la libération aux cotés des alliés. Cette limitation est aussi visible dans l’évolution des rapports avec l’IS, dès 1941, les sujets de friction entre le BCRA et l’IS se multiplièrent. Passy estima bientôt avoir fait la preuve de son efficacité et exigea davantage de considération de la part des Britanniques. Le BCRA reprocha également à l’IS, non sans quelque raison, d’avoir tout fait pour l’écarter d’Afrique du Nord. Surtout, il l’accusa de brider son action, par antigaullisme, en refusant de lui allouer un peu des moyens matériels – notamment en matière de transmissions et d’opérations – en rapport avec l’ampleur des possibilités dont il disposait en France. Le BCRA en tant qu’organe politique attire les convoitises, mais il ne faut pas oublier qu’il est avant tout un service de renseignement et d’action, deux secteurs dans lequel il s'efforce de passer à la vitesse supérieur dès l’année 1943.


2) L’intensification des activités


L’année 1943 marque l’intensification de toutes les formes d’action et de renseignement. Les réseaux de renseignements et les réseaux d’actions s’intensifient grandement dès septembre 1943, après la grande vague d’arrestation de l’été de cette même année (un des derniers coups d’éclats Allemand en France). En quelque sorte, l’année 1943 représente l’apogée de ses réseaux. Certes le volume d’information transmis en juin 1944 est prés de 5 fois supérieur à celui de 1943, mais il est dû à la conjoncture favorable des ralliées de la 11ème heure, et du débarquement facilitant l’envoi massif de matériel et d’hommes. C’est d’ailleurs à cette époque que des grands réseaux, Cohors et centurie notamment, connaissent leur apogée. Centurie fourni alors des informations très intéressantes sur les dispositifs de la côte Normande, et celle de Cohors sont encore plus complète, détaillant parfaitement la côte Atlantique de Dunkerque à St Nazaire. L’effectif du BCRA est aussi en fulgurante croissance, il passe de 23 personnes dont 10 officiers, fin novembre 1941, à 421 personnes, dont 73 officiers début 1944, une croissance plus exponentielle. Et Passy, bien qu’éclipsé au printemps 1944 pour un court moment, reste le chef incontesté de cette structure. Les liens avec les réseaux, mais aussi avec des groupes de résistances intérieurs ne cessent de s’intensifier, notamment par une unification des actions autour de sabotage et de transfert d’information. L’année 1943 est aussi un tournant pour la branche militaire du BCRA, qui opère à une décentralisation de ses activités. Après l’arrestation de Jean Moulin et du général Delestraint en juin 1943, le BCRA met progressivement en place, dans chacune des douze régions, un délégué militaire régional (DMR), placé sous les ordres directs de Londres. Cette nouvelle organisation répond au centralisme et à l’immobilisme, en intégrant un grande dose de mobilité. Le BCRA effectue donc un accaparement des mouvements intérieurs, une sorte de fédération (idée qu’il faut avancer avec une grande prudence) des forces en France dans la l’optique d’un débarquement futur. Par ailleurs, il entreprend d’acheminer en France des officiers chargés, pour les uns d’établir une liaison avec les maquis qui se développent, et qui deviennent de plus en plus imposant en terme quantitatif; pour les autres de superviser la préparation des plans de sabotage établis à Londres. Une véritable stratégie se met donc en place en vu d’un prochain débarquement allié. Ces initiatives, qui visent à orienter l’activité paramilitaire de la résistance, dépassent de plus en plus le cadre technique traditionnel d'exécution d’un service secret, pour prendre la physionomie d’un état-major de l’action en France. De fait, un état-major des forces Françaises de l’intérieur (EMFFI) est constitué le 24 avril 1944 au sein du BCRA de Londres, recevant les directives du général Passy. Dès lors, la France libre s’engage dans le débarquement et dans la libération de la métropole. Un engagement massif qui se traduit par un virement militaire du BCRA.


3) La priorité au débarquement et à la libération nationale


Depuis le début de l’année 1943, et même un peu avant, les services du BCRA multiplient le notes et instructions concernant la préparation à l’action en vue du débarquement en France. Il fut donc combiné dans leur intervention, une action de résistance et une action purement militaire. Le BCRA veut alors fournir une fraction importante du corps expéditionnaire interallié, une manière pour lui de s’intégrer dans le débarquement. Grâce à leurs actions secrètes en France, ils espèrent aussi marquer une opposition à la contre manœuvre Allemande, par la multiplication d’actions de résistances. A coté de cela, le BCRA voudrait crée un corps d’armée exclusivement composé de Français, un objectif assez utopique, compte tenu du peu de soldat disponible. Et finalement, il vise à mettre le plus rapidement possible en activité toutes les forces de guerre récupérées en zone libérée, un objectif lié avec le précédant. Le BCRA veut donc menée une action d’envergure face à l’ennemi et veut faire jeu égal avec le alliés. C’est aussi dans ce but de faire jeu égal, que le BCRA programme dès le début de l’année 1943, une opération de résistance intérieure simultané avec l’attaque des alliés. Dans cette idée de mise en place d’une offensive, le BCRA se dote d’un organe complexe de planification, le “bloc planning”, fondé par St Jacques (déjà créateur de réseau), permettant de coordonner les actions alliés et résistantes, et ayant pour but de mettre les Allemands hors d’état de riposter correctement au débarquement. Dans cette optique, le “bloc planning” établi différents plans, les plus importants étant, le plan vert (coupure des voies ferrées), le plan violet (lignes téléphoniques souterraines à grande distance), plan tortue (coupure des voies de communications), plan bleu (lignes à hautes tensions),et plan rouge (guérilla). L’élaboration de ses plan sont d’ailleurs confiés aux DMR, résultat de la décentralisation de la sphère “action” du BCRA. A coté de cette présence sur le sol Français permettant au BCRA d’intervenir dans la libération, c’est surtout le grand retournement militaire de l'entité qui marqua les esprits. En effet, Passy devient chef d’état-major des forces intérieures et de la liaison administrative (EMFILA) qui reçoit ses ordres du général Koening, commandant supérieur des forces Françaises de l’intérieur. Ce dernier crée d’ailleurs, le 9 juin 1944, juste après le débarquement, un EMFFI (état-major des forces Françaises de l’intérieur), tripartite avec les britanniques et les Américains, auquel le BCRA verse les éléments de son propre EMFFI en vu de s’intégrer pleinement dans la lutte armée et la reconquête du territoire métropolitain. Dès lors, le BCRA se cantonne à un rôle de liaison entre le général Koenig et les différentes FFI. Un place que le BCRA va occuper jusqu’à la fin de la guerre. Sans le BCRA, le débarquement allié aurait été surement plus difficile compte tenu du travail préparatoire qu’il a effectué.

En conclusion, on a pu considérer le BCRA comme l’une des plus grandes réussites de la France libre. Ses responsables surent en effet mettre à profit les moyens mis à leur disposition par les alliés pour assurer un flux croissant de renseignements, d’agents, et de personnalités entre la métropole, l’Angleterre, et L'Afrique du nord dès fin 1942, malgré les entraves que ces derniers ont placés. les britanniques confièrent après la guerre au chef de l’office of stratégic services (OSS) que le BCRA avait fourni 80% des renseignements utilisés pour la préparation du Jour-J. Des renseignement qui sont toujours allés en s’étoffant au fur et à mesure de l’évolution de l’entité. Les différentes sections et réseaux eurent raison des Nazis sur le territoire métropolitain. En terme paramilitaire, ses résultats sont naturellement plus difficiles à évaluer, bien que l’on sait qu’ils furent décisif lors du débarquement alliés, sans lesquelles il n’aurait surement pas pu se dérouler. Son action permis toutefois de porter au crédit du GPRF une large partie du soutien fourni aux armées alliées par la résistance intérieure. Son action est toujours perçu comme considérable.Après la libération, la direction générale des études et recherches (DGER), puis le service de documentation extérieure et de contre espionnage (SDECE), recueillent l’héritage du BCRA. Le colonel Passy, qui dirige ses deux services jusqu’au départ du général De Gaulle, obtient, sur le modèle des britannique, leur soumission au pouvoir civil (sphère de la société).